Consultation sur les projets d’observations et de demandes de l’ASN relatives aux options de sûreté proposées par Orano sur la densification des piscines C, D et E des INB 116 et 117 sur le site de La Hague

L’association Robin des Bois est opposée à ce projet de surdensification des piscines de refroidissement des combustibles irradiés. Cette « parade » comme elle est désignée par l’ASN et l’IRSN pourrait éventuellement être examinée dans un cas de force majeure comme par exemple la perte d’étanchéité d’une des piscines ou des fuites de crayons constituant les assemblages de combustibles. Mais sa mise en œuvre planifiée dans l’attente d’une piscine d’entreposage centralisé qui serait en fonctionnement entre 2037 (ou 2050 si l’on tient compte des dérives chronologiques coutumières des exploitants nucléaires) est inadmissible.



Le problème avec EDF et Orano ou les ancêtres d’Orano, c’est qu’ils sont toujours en attente de quelque chose de fondamental pour la sûreté et l’équilibre du nucléaire. En 1970 la COGEMA était dans l’attente, l’espérance et la conviction qu’une solution viable de gestion des déchets hautement radioactifs serait opérationnelle en l’an 2000. En 1990, Jean Syrota, pilier de la filière nucléaire et du retraitement de ses déchets, était dans l’attente, l’espoir et la conviction qu’une économie circulaire du cycle du combustible serait bouclée au début du XXIe siècle et nous présentait le tri, le retraitement et la valorisation des déchets nucléaires comme un exemple à suivre par les producteurs de déchets ménagers, et en 2021, le plutonium au lieu d’être intégré dans les combustibles neufs, s’accumule au-delà du raisonnable et place la France dans une position contestable au regard du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. La position de Robin des Bois est connue et claire. Il faut arrêter le retraitement des combustibles irradiés et dans les meilleurs délais vider les piscines de leurs déchets radioactifs chauds. Et il ne faut donc pas envisager comme solution de la dernière extrémité aux carences des exploitants l’augmentation de la jauge des piscines vieilles d’une quarantaine d’années.



Enfin, le fait que ce dossier critiquable et critique à bien des égards n’ait reçu à la fin de 3 semaines d’exposition que 7 commentaires dont 5 sous pseudos à 15h37, jour de la clôture, montre bien les défaillances de la consultation du public telle qu’elle est mécaniquement organisée par le ministère de l’Ecologie.



Jacky Bonnemains

Robin des Bois

La France a fait le choix du recyclage du combustible usé afin d'assurer une certaine indépendance énergétique face aux fortes hausses des combustibles fossiles.

Tant que le projet Cigeo (enfouissement en profondeur des déchets HA VL) n'est pas abouti, il est nécessaire de renforcer la capacité de stockage des combustibles usés.

L’analyse économique montre l'intérêt de disposer d’un stockage, pour assurer la sécurité des populations , face aux risques, en attendant le stockage ultime en profonfeur à Bure.

Enfin, le projet Cigéo qui mobilise des experts scientifiques depuis des années pour trouver des solutions durables à la gestion à long terme de ces déchets HA VL.

La demande de renforcement des capacités d'entreposage des combustibles usées est opportune au vu du refus politique de mettre en oeuvre une sortie du nucléaire dont le principe figure pourtant dans la LTECV.

Le report de 10 ans de la diminution de la part du nucléaire dans le mix électrique n'a fait qu'accroitre les tensions sur l'aval du "cycle" fragilisé par la déliquescence des installations de La Hague. L'incapacité d'EDF à mettre en oeuvre dans des conditions acceptables une nouvelle PEC requise par le PNGMDR a accru le problème.

Aujourd'hui nous sommes collectivement à un risque imminent de saturation des vieilles piscines de La Hague et de congestion complète de l'aval du cycle faute d'avoir pris en compte la dimension déchet dans la politique énergétique (PPE). Bien au contraire l'Etat a requis le maintien de la production nucléaire et de l'abus des combustibles Mox à des niveaux insoutenables.

Il a donc fallu faire face au plus pressé pour garantir une production de plus en plus fragile au vu du taux de disponibilité du parc nucléaire... Et l'on a vu sortir du chapeau le projet de densification des piscines de La Hague.

Non seulement ce projet est fragile techniquement au vu de l'âge des installations et des équipements du site mais il est timorée technologiquement. Le défi auquel nous sommes confrontés aurait pu être l'occasion de déployer un stockage à sec qui est pratiqué dans d'autres pays comme le donne à voir des rapports récents de l'IRSN.

Mais la filière a préféré le bricolage s'efforçant de justifier une augmentation de capacité au-delà des volumes autorisés lors de la création. Tout cela n'est guère convaincant alors que la gestion des paniers s'annonce pour le moins problématique et que la source froide pourrait connaître des tensions dans un contexte général de changement climatique.

D'autres solutions sont possibles...

L'entreposage à sec des Mox et URE refroidis qui ne seront jamais "traités" quoi qu'en dise la filière mais surtout le nécessaire dimensionnement de la production électronucléaire en fonction des capacités de gestion des déchets dont les combustibles usés constituent une part non négligeable.

L'important en dernier recours alors que les productions des EnR augmentent rapidement est de garantir la protection de la santé publique et de l'environnement en renonçant à l'usage de piscines dont la robustesse reste à démontrer.

Il conviendrait donc que la commission d'orientation du PNGMDR fasse valoir ses principes et amène les deux exploitants Orano et EDF a enfin déployer un entreposage à sec qui est bien plus intéressant sur le plan industriel que le bricolage des piscines proposé.