Projet de décision fixant à Électricité de France (EDF) des prescriptions complémentaires applicables à la centrale nucléaire du Tricastin au vu des conclusions du quatrième réexamen périodique du réacteur n°1 de l’INB n° 87 et modifiant la décision n° 2011-DC-0227 du 27 mai 2011 et la décision n° 2015-DC-0494 du 27 janvier 2015 de l’ASN

L'instruction du dossier par l'ASN, le dossier géopolitique de l'Europe, la sortie du charbon annoncée pour 2030, conjuguée à la fermeture des dernières centrales allemandes, font du choix de la prolongation de l'exploitation de Tricastin 1 un choix stratégique pour la France. La commission parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France a bien montré les errements de bon nombre de décideurs politiques au cours des dernières décennies. Les temps changent, les scientifiques seront de plus en plus écoutés pour garder opérationnelles nos centrales afin de continuer à lutter efficacement contre le changement climatique.

Je suis donc très favorable au prolongement de la centrale de Tricastin 1.

Dans un contexte de réchauffement climatique qui s’accélère, la priorité doit être à la réduction des énergies fossiles et leur remplacement progressif par l’électricité, seule source d’énergie à très faible émission de CO2 lorsqu’elle est produite par des énergies renouvelables ou des réacteurs nucléaires. Pour faire face à la croissance des besoins en électricité, les seules ENR ne seront pas suffisantes et nous aurons besoin de tous les réacteurs du parc existant accompagnés des EPR et peut-être un jour de SMR.

C’est la raison pour laquelle les examens périodiques de sûreté sont nécessaires afin de conserver un parc électronucléaire au meilleur niveau.

Des installations de ce type, partout dans le monde, ont des durées de vie bien supérieures à celle de Tricastin.

La décision d’arrêter la centrale de Fessenheim, de ce point de vue, est une stupidité technique et stratégique dont les initiateurs et les exécutants portent la responsabilité. J’espère que la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale qui vient de se terminer permettra de remettre l’expertise à sa juste place, et protègera les citoyens contre les manœuvres de politiciens sans vergogne.

Les précautions prises pour accompagner la continuité de fonctionnement de Tricastin, sous la surveillance de l’ASN, offrent toute garantie.

Fin 1979, à quelques semaines de la divergence de Tricastin 1, la révélation de la découverte de fissures dans la cuve des premiers réacteurs 900 MW mit en émoi le personnel EDF chargé de sa construction. La direction d’EDF ayant opté, avec le soutien du ministre de l’Industrie, pour le maintien de son programme de démarrage, le personnel de l’aménagement, spontanément et quasi unanimement, décida le blocage du site.



Des études ayant démontré qu'il n'y avait pas de risque d'évolution à court terme, de ces micro-fissures (plus précisément, des « Défauts Sous Revêtement »), la Direction d’EDF consentit, au bout d’une semaine, à prendre l’engagement :

- de développer de nouveaux capteurs plus performants, d’une part,

- de doubler la fréquence d’auscultation (c’est-à-dire tous les 5 ans), à l’aide de sa « Machine d’Inspection en Service », munie des nouveaux capteurs, d’autre part,

… tout ceci pour étudier l’éventuelle aggravation des DSR détectés.



Suite à quoi, les grévistes cessèrent le mouvement, non sans subir les sarcasmes du leader local de la CFDT (celui-ci, semblant vouloir entraver le déroulement du programme nucléaire, manifestait avec les écologistes, aux portes mêmes du site de Tricastin, sans aller jusqu’à démissionner d’EDF … Plus tard, il fut le conseiller de St. Lhomme et « Sortir du Nucléaire »).



Le collectif « Stop Tricastin » ayant, fin 2020, remis le couvert en alertant Barbara Pompili, puis l’ASN, sur le fait que « des spécialistes en métallurgie pensent que ces fissures ont aujourd'hui évolué », il y a lieu de préciser que :

- Il n’est pas étonnant que le développement de moyens d’investigation plus performants permette de détecter des défauts métallurgiques de plus en plus petits, inévitables dans des procédés de fabrication comme le beurrage d’inox sur de l’acier noir !

- Mais nous avons l’assurance que les défauts détectés il y a 43 ans n’ont pas évolué.



Il n’y a donc aucune raison de réduire l’exploitation de Tricastin (et de nos autres réacteurs 900 MW).

Je suis favorable au projet de décision de l'ASN, suite au 4ème réexamen de sureté du réacteur 1 de Tricastin, pour les raisons suivantes :

Les modifications apportées au réacteur 1 de Tricastin améliorent son niveau de sûreté

par la création d'un centre de crise local, d’augmenter le nombre de diesel d'ultime secours, améliorer les dispositifs de sécurités en cas de fusion du réacteur, améliorer le système de refroidissement du bâtiment réacteur et du bâtiment combustible, continuer les améliorations des protections aux intempéries ou catastrophes naturelles.

L'ensemble de ces travaux vont dans la continuité du REX de FUKUSHIMA.

En préambule, je dirais que l'ASN et ses appuis techniques de l'IRSN sont parfaitement compétents pour autoriser la poursuite de l'exploitation de ce réacteur de production d'électricité, sur la base des travaux et modifications engagés par EDF dans le cadre de la VD 4 et du REX post Fukushima et de l'application des prescriptions complémentaires qu'elle a formulées.



Les arguments sur lesquels s'appuient mon avis sont :



- Le niveau de sureté atteint sur cette installation grâce aux travaux et modifications engagés par EDF dans le cadre de la VD 4 et du REX post Fukushima dont je ne ferai pas la liste exhaustive.

- La nécessité de disposer en France de moyens de production d''électricité par des moyens décarbonés

- La nécessité de disposer de moyens de production d'électricité "en base" pilotables et non intermittents pour ne pas appeler à la rescousse des moyens de production émetteurs de gaz à effet de serre, la sureté du réseau électrique Sud-est de la France et de la France dépendant entre autres de cette tranche de production.



Sur la base de ces arguments, je ne peux que confirmer mon avis favorable et nécessaire à l'exploitation de ce réacteur.

Le prolongement d'activité d'un réacteur relève de considérations techniques et de considérations de politique générale.

Sur le premier point demander à de simples citoyens, même des ingénieur bac+ 7 comme moi, d'ajouter à ce que peut dire l'ASN en matière de sûreté nucléaire me laisse perplexe. J'ajoute que je n'ai aucune raison de ne pas faire confiance à l'ASN au vu de son bilan.

Reste les aspects de politique générale: les règles de sûreté des réacteurs nucléaires sont particulièrement exigeantes en France, alors pourquoi ce qui est possible ailleurs (USA,Suisse, ...), à savoir prolonger la vie de réacteurs au delà de 40, 50, voire 70 ans poserait-il des problèmes particuliers en France ?

Par ailleurs, que je sache, aucune solution autre que le gaz et le charbon n'existe actuellement pour faire fonctionner de façon stable les réseaux électriques ... quelle drôle d'idée serait de choisir d'arrêter actuellement des réacteurs dont l'ASN nous dit qu'ils peuvent marcher encore 10 ans ??