Projet de position sur les orientations de la phase générique des cinquièmes réexamens périodiques des réacteurs de 900 MWe exploités par EDF

Lors des VD 4, le grand carénage a été effectué avec souvent une première phase majeure et des compléments lors des visites périodiques suivantes.

Cet ensemble de modifications a permis d'amener ces installations au niveau de sûreté des réacteurs de 3ème génération. En outre, les modifications post-Fukushima sont soit terminées soit en cours d'achèvement.



Dès lors, il apparaît que les VD 5 doivent être consacrées à l'examen complet fait dans le cadre d'une visite décennale et à la vérification que toutes les modifications réalisées en VD 4 sont pleinement opérationnelles.



Il s'agit des grandes lignes des propositions faites par EDF.



J'y suis donc très favorable.

Le réexamen de sûreté VD5 est conforme à ce qui est réalisé tous les 10 ans

Les quatrièmes visites décennales ont permis de faire tendre le référentiel de sûreté des

réacteurs de 900 MW vers le référentiel sûreté des réacteurs le plus récente (EPR)

Les cinquième visites décennales seront fortement centrées sur les effets du changement

climatique

Il s’inscrit dans la politique de la France de prolonger les réacteurs actuels

Alors que les 4èmes visites décennales ont permis d’intégrer le retour d’expérience de Fukushima et de porter le niveau de sureté des réacteurs 900 MWe proche du plan haut niveau international, les modifications prévues pour les 5èmes visites décennales porteront essentiellement sur les effets du réchauffement climatique ; à savoir la température et la ressource en eau.



Comme lors de tous les réexamens périodiques de sûreté, ce sera également l’occasion d’analyser et de prendre en compte le REX international ainsi que celui lié au séisme du Teil, en Ardèche, du 11 novembre 2019.



La France a besoin d’accroitre sa capacité de production d’électricité décarbonée et pilotable, et cela passe par une prolongation de la durée de vie de ses réacteurs nucléaires qui sont sûrs et maintenus en permanence aux conditions opérationnels.

Après les quatrièmes visites décennales des réacteurs du palier 900 MWe qui ont permis à ceux-ci de rapprocher leur référentiel de sûreté des exigences prévalant pour les réacteurs de 3ème génération et de prendre en compte le REX de l’accident de FUKUSHIMA, les orientations proposées pour les cinquièmes visites décennales, centrées sur le maintien de la conformité des installations, du maintien de la qualification aux conditions accidentelles, de la prise en compte du REX d’exploitation mais surtout les effets du changement climatique avec la prise en compte des agressions externes, sont pertinentes.

Ces réexamens périodiques sont importants car, en constituant une démarche unique dans le Monde, ils permettent la réinterrogation tous les dix ans par l’exploitant et par l’Autorité de Sûreté Nucléaire des conditions d’exploitation des réacteurs nucléaires, au vu des meilleurs progrès techniques et du retour d’expérience mondial. Ce réajustement permet de prolonger l’exploitation du parc existant qui est sûr et bien entretenu, favorisant ainsi la transition vers une électricité bas carbone qui remplacera l’usage des combustibles fossiles, néfastes pour le climat.

Il est néanmoins important de s’assurer également que les évolutions de référentiel sûreté, introduites lors de ces réexamens périodiques, n’introduisent pas une complexité croissante et préjudiciable pour l’exploitant. En reprenant la citation de Jean Bourgeois, à l’origine de nombreux préceptes de la sûreté nucléaire en France : « Toute action doit partir de l’idée simple que c’est in fine de l’exploitant lui-même, aux prises avec ses installations, que dépendra la sûreté ; c’est donc à ce niveau qu’il faut agir et cette action sera d’autant plus efficace qu’elle aidera l’exploitant à bien faire son métier, plutôt que lui compliquer la tâche ».

Le dossier proposé par EDF permet de prendre en compte les thématiques essentielles à intégrer sur les 20 prochaines années : l'adaptation au changement climatique. L'autre volet est plus standard avec l'analyse du vieillissement avec la poursuite des suivis et des analyses. Je suis très favorable à ce réexamen qui fait sens.



Il s'agira néanmoins de rester très pragmatique dans les solutions proposées, aller vers des solutions les plus "passives" possibles pour l'exploitant, voir même en revenant sur certaines dispositions pour supprimer au lieu d'ajouter. La sûreté se gagne aussi en décomplexifiant les référentiels pour que l'exploitant puisse piloter sereinement.

réexamen de sûreté conforme à ce qui se fait tous les dix ans avec un point particulier sur la prise en compte seisme du Teil

les 4eme VD ont amené les réacteurs 900 au point attendu en termes de sureté

les 5 eme VD sont très axées sur les effets du changement climatique (canicules, réduction consommation eau, veille climatique)

et enfin l'exploitation en toute sureté jusqu'à 60 ans s'inscrit parfaitement dans une politique décarbonée

Je suis favorable aux propositions réalisées par EDF pour prolonger de 10 ans ses tranches.



Le prolongement des centrales nucléaires est essentiel pour donner à la France les moyens de réaliser sa transition énergétique.



Les quatrièmes décennales (VD4) ont été l’occasion de réaliser de nombreuses modifications (environ 200) à même d’amener les réacteurs de 900 MW à un niveau de sûreté proche des réacteurs les plus récents. Il est désormais temps de stabiliser ce référentiel et laisser le temps à l’exploitant de se l’approprier.



Les choix réalisés pour les cinquième décennales (VD5) me semblent donc judicieux : réaliser les contrôles décennaux habituels et centrer l’effort sur la tenue des réacteurs aux évolutions liées au changement climatique.



L’approche réalisée sur ce dernier point : remonter fortement le seuil de canicule, réduire la consommation d’eau des réacteurs, mieux maîtriser les rejets dans l’eau et mettre en place une veille climatique entre deux VD me semble logique et approprié à la situation future.



Il sera important de ne pas, comme pour les VD4, proposer trop de modifications rendant l’exploitation des tranches complexe. La sûreté repose toujours en dernier lieu sur les exploitants à qui il faut faciliter la tâche.

Harry Bernas, ex-directeur du Centre de sciences nucléaires (CNRS - Université Paris-Saclay), remarque dans son récent livre (page 64) : "Les merveilleux nuages. Que faire du nucléaire ?" : "Après enquête, j'ai eu la surprise de constater que nulle part, dans un aucun pays, n'avait été réalisée une étude systématique sur d'authentiques parois de cuve d'un réacteur démantelé ayant effectivement subi une quarantaine d'années d'irradiations et de variations de température."



Ce constat, s'il est confirmé, est préoccupant car tout retour d'expériences vaut toutes les meilleures modélisations.



H. Bernas remarque également (page 63) : "Au total, la complexité des interactions étant hasardeuse à modéliser, le choix d'une limite de fonctionnement à quarante ans résultait de la simple prudence. Elle était cohérente avec les incertitudes recensées.



Face à ce monde totalement inconnu (au-delà de 40 ans), une extrême prudence s'impose. Envisager une forme de chèque en blanc de 10 ans ne répond pas à l'alerte lancée par cet acteur expérimenté du nucléaire.

Le problème n°1 du prolongement du fonctionnement des réacteurs reste le vieillissement des cuves qui après 50 ans de fluence voient la résilience des aciers se dégrader.

L'ASN n'est pas en mesure actuellement de se prononcer sur le niveau de cette dégradation et des marges qu'elle laisse par rapport à la rupture. Elle attend le résultat des examens et des calculs .

L'ASN écrit :

Toutefois, dans l’état des hypothèses mobilisées dans ces calculs, les marges apparaissent actuellement faibles pour certaines cuves de réacteurs de 900 MWe. Vous avez annoncé une révision de la formule de fragilisation par irradiation (FFI) de l’acier de cuve, qui vise à mieux modéliser les résultats obtenus à forte fluence.J’ai noté votre volonté d’appliquer cette nouvelle formule dès les cinquièmes visites décennales et votre engagement à transmettre à l’ASN vos justifications au cours de l’année 2025. L’ASN examinera ces éléments en vue de sa position sur la phase générique du cinquième réexamen périodique des réacteurs de 900 Mwe.



Dans cette situations, comment le public pourrait-il avoir un avis justifié sur le prolongement des réacteurs au delà des 50 ans ?

Lui aussi aurait besoin d'une démonstration sur la qualification des cuves. au delà de 50 ans.

Tant qu'elle n'est pas faite, le principe de précaution devrait prévaloir = ne pas envisager de prolonger les réacteurs. Le risque de rupture de cuve est trop grand.



La tenue de cette consultation n'a pas de sens aussi longtemps qu' EDF ne fournit pas la démonstration de la qualification des cuves Cette consultation devrait être ajournée pour être prise au sérieux.

Le 4ème réexamen périodique des réacteurs 900MW a permis d'améliorer la maîtrise des risques liés aux accidents, agressions et situations suite à Fukushima grâce à un nombre important de modifications. Le niveau de sûreté de ces installations tend vers celui des EPR.

Le 5ème réexamen permettra de s'assurer du maintien de la qualification des matériels et de la maîtrise de leur vieillissement. Il adaptera les installations au changement de leur environnement, notamment climatique. Enfin, il prend en compte les enseignements du séisme du Teil pour Cruas et Tricastin.

Aussi je suis TRES FAVORABLE à ce réexamen.