Projet de décision de l’ASN autorisant la mise en service et l’utilisation de la cuve du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (INB 167)

L'ASN sollicite notre avis de "citoyens" sur la mise en service d'une technologie :
- qui cumule les retards,
- qui cumule les pénalités et les surcoûts - qu'en tant que citoyens et consommateurs d'éléctricité, d'origine nucléaire ou non, nous devrons payer,
- qui cumule les anomalies,
- qui, sur son site le plus avancé, celui d'Olkiluoto 3, en Finlande, ne marche toujours pas, 13 ans après les débuts des travaux et 9 ans après la date initiale de mise en service.

Quelle personne, raisonnablement saine d'esprit, accepterait la mise en service d'une installation industrielle, quelle qu'elle soit, dans ces conditions ?

Quelle personne, raisonnablement informée, envisagerait sereinement le confinement de produits hautement radioactifs à demi-vie longue (dizaines de milliers, millions, milliards d'années) dans des enceintes où, avant même leur mise en service, sont décelées des anomalies ?

Le débat sur la mise en service de l'EPR de Flamanville ne porte pas sur le choix entre moyen-âge et modernité mais bien, qu'on le veuille ou non, sur la pertinence des installations nucléaires de production d'électricité en terme de coût et de sécurité.

Les coûts de construction, et notamment ceux de l'EPR, sont prohibitifs - et ce n'est pas fini.
Lorsque quelque chose coûte cher et ne marche pas dans les délais prévus, la raison veut qu'on arrête les frais. PSA, Airbus et d'autres savent le faire, mais pas EDF ni Orano (ex-Areva).
S'obstiner à investir jusqu'à ce que ça marche signifie qu'on s'affranchit des contraintes de rentabilité. On n'est donc plus dans l'économie mais dans l'idéologie.

Et l'idéologie du nucléaire, depuis le départ, ça a consisté à nous dire :
- que ce n'est pas cher. C'est faux pour ce qui est de la construction, ça l'est aussi pour le fonctionnement et l'approvisionnement, ça l'est encore pour le démantèlement. Brennilis, pour ne citer qu'elle, est en démantèlement depuis 33 (trente trois !) ans...
- que c'est sûr. Même en écartant Tchernobyl pour cause de technologie "douteuse" parce que "soviétique", l'exemple de Fukushima Daishi montre que même avec des redondances, une centrale n'est à l'abri de rien.

L'économie du nucléaire, quant à elle, révèle une industrie qui n'est viable que si elle est subventionnée et si on "oublie" d'intégrer les coûts de démantèlement aux coûts globaux de construction, de mise en service et de fonctionnement.
L'exportation, on l'a vu, ne marche pas ou mal parce que le nucléaire est aussi un enjeu militaire et diplomatique.
En d'autres termes, le nucléaire français ne survit que parce que le prix de notre kilowatt-heure est surtaxé.
C'est donc vous et moi qui payons l'addition d'une façon ou d'une autre.

Enfin, la transition énergétique a été votée par deux parlements, le présent et le précédent, et actée par deux gouvernements, le présent et le précédent. Puisqu'il s'agit de limiter la part du nucléaire dans la production d'énergie et d'augmenter celle des renouvelables, cela invalide de facto l'ouverture d'une nouvelle centrale nucléaire, quelle que soit la technologie employée.

Pour toutes ces raisons, je dis non, merci.

Je serai bon prince, toutefois. Pour me convaincre, il suffirait que les dirigeants d'EDF, ceux d'Orano, ainsi que tous les pro EPR s'engagent à établir leur résidence principale à moins de dix kilomètres de Flamanville et à y vivre à l'année avec femme et enfants.

En résumé : le couvercle et la cuve ont des défauts et ne satisfont pas les exigences de qualité requises. Donc, pour pouvoir mettre en service l'EPR sans faire de modifications, le constructeur a demandé que les exigences de qualités soient abaissées en conséquence, sur la base des tests et des études qu'il a lui-même proposés, réalisés et qu'il a fait valider par ses sous-traitants et fournisseurs.
Résultat : la cuve peut rester en l'état, le couvercle devra être changé en 2024 au plus tard. Cela permettra ensuite d'étudier son vieillissement et d'aviser sur le changement de la cuve, sachant que son remplacement est d'ores et déjà considéré comme n'étant "pas raisonnablement envisageable".
Encore plus résumé : il y a un problème, mais on ne fait rien et on attend de voir.
Cette avis ressemble plus à un aveu d'échec, d'incapacité à tenir ses engagements devant les conséquences que cela aurait en termes de coût et d'avenir de la filière française.
C'est une décision qui n'est ni prudente, ni raisonnable, ni courageuse. Ce n'est pas une décision industrielle, c'est une décision politique et une preuve supplémentaire de l'entêtement aveugle et absurde sur de mauvais choix technologiques et sur une énergie qui est devenue complètement anachronique.

Je ne suis pas spécialiste des EPR et on me demande mon avis, c'est comme si je demandais l'avis de mon chat sur ma cocotte minute. Vous me direz que je mélange les torchons et les serviettes, mais voyez, ma fameuse cocotte minute, en cas d'anomalie du couvercle et de la cuve, je vire (ce que ferait toute bonne ménagère, vous me l'accorderez) , et ce n'est qu'une simple cocotte ! et je demande le remboursement ! Je passe à la cuisson basse température plus savoureuse .
Et il faudrait remettre le couvert ou le couvercle en 2024 ? C'est donc NON pour moi.
Allez je retourne à mes fourneaux.

Le dossier technique validé par des sources indépendantes me semble suffisamment complet pour justifier du projet de décision de l'ASN. Cependant, je n'ai pas trouvé le détail des "contrôles périodiques" qui devront être faits par EDF. Mais comme un suivi serré sera assuré par l'ASN...
La durée de validité de 7 ans me semble raisonnablement prudente (si tant est que les délais de fabrication soient tenus!)
Personnellement, je fais confiance à l'ensemble des équipes techniques qui ont permis d'établir ce projet de décision, et que j'approuve donc en tant que citoyen.
Il est simplement malheureux que le coût de tous ces dysfonctionnements retombent in fine sur les contribuables, même si EDF est "indépendante" juridiquement. Espérons au moins que les procédures seront mieux établies (et suivies!) dès le début des prochaines opérations!!

Bonjour,

Comme la plupart des particuliers, je n'ai aucune compétence sur un sujet aussi complexe. Vu de l'extérieur, la situation semble pourtant très étrange pour quelqu'un amené à prendre des décisions de mises en production.

La cuve est un élément critique de l'installation. Et il s'avère qu'elle ne répond pas aux "exigences essentielles de sécurité" requises.

Il a été considéré que ces non conformités étaient susceptibles d'accélérer le vieillissement de l'installation; à quelle vitesse, on ne sait pas.
- Les contrôles sont possibles sur le fond, mais je n'ai vu nulle part ce qu'on pourrait faire si le fond présentait un problème. Peut-on changer le fond ? En a-t-on déjà un autre en fabrication, comme pour le couvercle ?
- Les contrôles ne sont a priori pas possibles sur le couvercle, donc on ne saura pas si un problème se présente. Cependant, on devra changer le couvercle au plus tard fin 2024, délai très court qui ne rassure pas quant à la sécurité de l'installation d'origine. La date semble être prise en fonction de la possibilité de livraison du nouveau couvercle. A-t-on la certitude que ce délai permettra au couvercle de tenir ? Le projet a pris un temps de retard considérable. Que se passe-t-il si le nouveau couvercle est lui aussi en retard ? Peut-on prolonger le délai de changement, doit-on arrêter l'installation, et dans ce cas, quels sont les impacts sur les autres installations ? Puisqu'on parle d'arrêter des réacteurs suite à la mise en service de celui-ci, comment répondra-t-on aux besoins dans ce cas ?

Des programmes d'essais de vieillissement étaient demandés, dont nous ne savons rien des résultats.

Lorsque je regarde une carte, je me dis qu'en cas d'accident grave, compte tenu des vents dominants, des populations très nombreuses peuvent être impactées.

Ce ne sont-là que quelques réflexions d'un non spécialiste. Je suppose que les experts en ont bien d'autres. Cependant, n'ayant pas les réponses à toutes ces interrogations sur un sujet critique, et ma réponse à la question "doit-on mettre en service" est : "non". C'est en tout cas celle que je donne dans le même cas, sur des sujets bien moins graves.

Sauf erreur de ma part, il me semble que la fermeture de Fessenheim est subordonnée à l'ouverture de Flamanville, une question est donc de savoir si une vieille centrale comme Fessenheim est plus dangereuse qu'une centrale défectueuse comme Flamanville !

Une autre question est celle du démantellement : est-il vraiment raisonnable de mettre en service une centrale pour une durée si courte en prenant en compte le coût de son démantellement ?

La solution, diront certains, est de fermer Fessenheim et d'abandonner Flamanville, mais là encore la solution n'est pas très écologique puisque cela signifie importer notre électricité d'Allemagne, produite dans de vieilles centrales à charbon.

Alors, tout raser et recommencer en faisant construire la cuve par ceux qui savent faire ? Chiche !
Et surtout, augmenter le prix de l'électricité pour se rapprocher de son coût environnemental réel, rendre les énergies alternatives plus compétitives et nous pousser à faire des économies énergétiques.

La vraie énergie écologique c'est celle qu'on ne consomme pas !

Les risques futurs s'accumulent, en lien avec l'exploitation et le stockage, et seuls les purs capitalistes ne regardant que l'économie veulent les prendre ! Terrorisme, ressources combustibles, canicules, séismes, laxisme, profit, etc. autant de raisons d’abandonner les actuels et futurs projets. Merci l'Allemagne de montrer la voie depuis tant d'années au prix de critiques caduques en regard des risques ! Merci ici à l'institut NégaWatt de montrer la voie du Power To Gaz ! Et enfin, merci à tous ceux qui croient en la décentralisation de l'énergie par des circuits courts conscientisant de notre consommation...

Ce projet de la mise en service et l'utilisation de la cuve du réacteur EPR de Flamanville est évidemment à réaliser pour l'avenir énergétique de la France!
Que les idéologues "anti-nucléaire" arrêtent de faire peur au grand public et que les médias cessent de relayer en priorité leurs propos! Que les avis autorisés d'éminences tels que l'Académie des sciences, l'Institut Montaigne.... soient diffusés et commentés aux citoyens français!
C'est bien dommage que la communication soit limitée à ceux qui contestent; plutôt que de publier les rapports de scientifiques reconnus mondialement. Que l'association WANO ("World Association Nuclear Operators") soit davantage connue! La société française aurait une meilleure connaissance de l'industrie nucléaire mondiale tant sur les plans de la technique, de la sûreté, de l'environnement, du social et de l'économie. La pratique du "REX" (retour d'expérience) recensant toutes les bonnes pratiques dans les centrales nucléaires du monde permet d'améliorer le niveau de la sûreté!
L'ASN est bien là pour contrôler et assurer que la sûreté nucléaire soit toujours respectée et que le REX des événements vécus au niveau national et international soit pris en compte dans cette démarche essentielle de progrès.
En conclusion, je suis pour ce projet et j'ai pleine confiance dans l'exploitation de ce type de réacteur EPR.
signé: A.J., citoyen de la Drôme

Il me semble que le projet E.P.R. au delà des fantasmes, des peurs liées à une incompréhension du mécanisme mis en oeuvre, doit continuer, car il constitue une nouvelle alternative aux concepts déjà très anciens des structures existantes. Par contre, il conviendrait d'être très prudent et ne pas accepter la mise en route de l'E.P.R. de Flamanville, car il y a eu tellement de dysfonctionnements, d'anomalies et erreurs dans la réalisation de la cuve, qu'il semble nécessaire d'envisager sa reconstruction totale, aux frais des entreprises qui n'ont pas su réaliser le travail dans de bonnes conditions de fiabilité. La cuve en elle même semble, vu de l'extérieur, tellement détériorée avant même sa mise en service qu'il convient de suspendre les travaux, de détruire ce qui a été réalisé dans la zone de confinement, et de tout reprendre à zéro, sous un contrôle strict et permanent de bureaux d'études compétents et de niveau international. Cette démarche permettrait de ne pas obérer le futur des E.P.R. à mettre en oeuvre ailleurs, car cela permettrait de démontrer le sérieux des techniques envisagées, et la compétence des entreprise françaises, qui ne sont pas toutes des "margoulins" comme ceux qui ont été retenus pour réaliser les bétons, ou le couvercle de la cuve. Savoir dire STOP est un gage de sérieux. Même si çà prend une nouvelle fois du retard, il faut reconstruire avec les garanties absolues de sécurité totale. Merci.

Je suis contre la mise en service de l'EPR et contre le nucléaire.
J'ai grandi dans la Manche et ma famille et mes amis vivent à proximité de Flamanville et de l'usine Areva de la Hague. De pro-nucléaire il y a quelques années je suis devenu farouchement contre pour des raisons trop longues à expliquer ici. En voici néanmoins 2 :
Le nucléaire n'est pas infaillible et sa sécurité (que certains disent à toute épreuve) repose sur une chaîne complexe de compétence, de logistique et de financement.
Le jour où un département français sera rayé de la carte, nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer, et des soins palliatifs pour les irradiés.