Projet de décision de l’Autorité de sûreté nucléaire modifiant certaines décisions applicables à la centrale nucléaire de Fessenheim (INB n° 75) exploitée par EDF

l'ASN est responsable de la sûreté des installations nucléaires. A ce titre, elle a prescrit après la catastrophe de Fukushima , non pas l'arrêt de toutes les centrales comme il eût été de son devoir de protection des citoyens, mais un certain nombre de mesures minimales à mettre en oeuvre par EDF pour une sécurité minimale. Il se trouve qu'EDF ne réalise même pas le minimum demandé par l'ASN, à savoir installer des DUS d'ultimes secours, et ce, malgré un délai de 6 ans accordé par l'ASN dans sa magnanimité à l'égard de l'exploitant! Alors, je demande à l'ASN de privilégier désormais la sécurité des citoyens , qui est la raison d'être de son existence, et d'imposer à EDF la fermeture immédiate des 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim. L 'ASN n'a pas vocation à couvrir les errements industriels d'EDF.

Cette deuxième consultation n'apporte rien de nouveau par rapport à la première, si ce n'est que l'exploitant confirme son inactivité délibérée depuis la prescription techniques post Fukushima ECS 18-II décidée le 26 juin 2012 pour l'ensemble des sites nucléaires, y compris celui de Fessenheim.
Cela est inadmissible et condamnable, en ce qui concerne l'exploitant, mais aussi l'ASN, appelée le "gendarme du nucléaire" de façon ainsi injustifiée.

De plus, le dossier de demande de fermeture et de démembrement n'est toujours pas déposé, et ce dans les délais prescrits par la loi.

Quant l'exploitant parle d'une fermeture milieu 2020, les délais sont déjà dépassés. Cela aussi est intolérable.

Le gendarme du nucléaire doit agir et obliger l'exploitant à respecter la loi et les délais de la fermeture des deux réacteurs du CNPE de Fessenheim, sinon il se fait le collaborateur du dit-exploitant et perd toute sa crédibilité.

Je n'arrive pas à comprendre ce que contient réellement cette décision.
Pourquoi ne pas prescrire (a minima) à EDF que tous les systèmes nécessaires à l'évacuation de la puissance stockée dans la piscine d'entreposage du combustible doivent être à même de faire face à une situation de type "noyau dur" ?
En effet, pendant toute la période où du combustible sera présent dans ces piscines de stockage (donc bien au-delà du simple arrêt des chaudières), qu'adviendra-t-il si un aléa majeur se produit ?
De plus, l'IRSN et l'ASN ont régulièrement pointé le fait que le stockage du combustible usé dans les réacteurs d'EDF était un réel point faible en terme de sûreté.

EDF met l'ASN devant le fait accompli en ne respectant pas les délais imposés par le décret de 2012 et se débrouille pour éviter de respecter ses obligations.
EDF indique que les délais étaient trop courts pour réaliser les travaux: cela voudrait dire que l'ASN fixe des délais non raisonnables pour réaliser des objectifs. Pourquoi EDF a-t-il attendu 2017 pour le signaler. On sait de longue date que la fermeture de Fessenheim est annoncée. EDF se moque de nous en demandant des évolutions de l'engagement 6 mois avant l'échéance. Les décisions de l'ASN ne sont pas assortis de contraintes assez fortes.
Il est urgent d'arrêter de jouer avec la santé de la population française potentiellement en danger. Il faut stopper l'exploitation des centrales quand EDF ne remplit pas ses obligations de sécurité. Non à l'accident nucléaire. Il faut arrêter les réacteurs de Fessenheim.

Votre nouvelle consultation du public à propos de la centrale de Fessenheim appelle les remarques suivantes de ma part :

• A partir des considérations du délai long entre le 26 juin 2012 et la demande d’EDF proposant une solution particulière pour le site de Fessenheim (en 2018), il n’y a pas lieu de répondre favorablement et demander l’arrêt définitif rapide des 2 réacteurs.
• Les explications d’EDF ne sont en effet pas recevables. La promesse du président Hollande de fermer le site date de la même année que la décision ASN touchant en particulier la mise en œuvre de DUS. Il y avait donc possibilité de voir venir mais on ne dispose d’aucun document comme pour les autres sites (état d’avancement/planning/échéancier de mise en exploitation des DUS). Pour le site alsacien que s’est-il passé en 6 ans pour demander une particularisation du site ?
• Des ambiguïtés résultent des documents mis à la disposition du public. Il est difficile de prétendre qu’il n’y a pas de « conséquence dommageable sur le plan de la sûreté », proposer des solutions à la non mise en œuvre des DUS de type « bilan des sources électriques actuelles et leurs meilleures fiabilisations ». En effet, si c'était exact, pourquoi ne pas l’appliquer aux autres sites et ainsi faire des économies ?
• L’ASN aimerait se faire reconnaître comme maîtrisant la sécurité et même jusqu’à contribuer à des choix de société éclairés. Ce souhait est ambitieux mais impossible. Il n’est pas possible de savoir le nucléaire et en même temps le croire. Le drame que vous alimentez pour notre pays est conséquent de votre posture utopique : c’est la possibilité de l’accident majeur qui vous disqualifie malgré votre bonne volonté et vos prétentions à la reconnaissance.

Depuis ma posture citoyenne je ne peux qu’exercer ma responsabilité en militant pour la sortie rapide de cette aventure dont on sait maintenant qu’elle est ratée.
Le savoir de ce échec est disponible et sans doute que vous le connaissez autant que moi. Aussi il faut oser demander pourquoi le nucléaire civil, après Hiroshima, a cherché à s’excuser en croyant dans le nucléaire civil (« gratuit et inépuisable »). Qu'aujourd’hui en France l’hypothèse de la sortie du nucléaire civil, qui est la solution raisonnable, soit freinée par notre nucléaire guerrier serait la plus mauvaise nouvelle pour 2019.