L’ASN donne son accord aux opérations de déconstruction des tours aéro réfrigérantes de l’usine Georges Besse sur le site du Tricastin

Publié le 10/07/2024 à 10:04

Note d'information

L’usine d’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse Georges Besse I, exploitée par la société Orano Chimie-Enrichissement sur le site du Tricastin, a été mise à l’arrêt définitif en 2012.

Par la suite, les opérations de démantèlement de l’installation ont été prescrites par le décret du 5 février 2020 prescrivant à la société Orano Cycle de procéder aux opérations de démantèlement partiel de l’Installation nucléaire de base n°93, et ont fait l’objet de prescriptions techniques fixées par la décision n°2020-DC-0695 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 13 octobre 2020 relative au démantèlement partiel de l’installation nucléaire de base 93, exploitée par la société Orano Cycle.

Figure 1 : vue générale de l’INB n° 93 (depuis l’Ouest)

Considérant que le dossier de l’exploitant ne présentait pas à l’époque de manière suffisamment précise les modalités techniques du démantèlement des deux tours aéroréfrigérantes (TAR) qui servaient à refroidir l’installation, bien que les principales techniques possibles y étaient mentionnées, cette décision avait notamment prescrit à l’exploitant que l’engagement de leur déconstruction serait soumis à l’accord préalable de l’ASN.

Figure 2 : vue d’une TAR

En réponse à cette prescription, l’exploitant a transmis à l’ASN le 2 juin 2023 une demande d’accord pour la déconstruction des TAR, associée à un dossier technique décrivant l’opération et ses enjeux en matière de sûreté et d’environnement.

Ces deux tours sont des équipements conventionnels, où aucune substance radioactive n’a été mise en œuvre lors de la phase d’exploitation. Compte tenu de leurs très grandes dimensions (123 m de hauteur, 90 m de diamètre à la base) et des équipements industriels et autres installations nucléaires à proximité, leur déconstruction est néanmoins une opération complexe.

Lors de l’enquête publique de 2017 relative au dossier de démantèlement de l’installation, l’exploitant présentait deux techniques de déconstruction possibles :

  • la démolition par explosif, ou « foudroyage » ;
  • la déconstruction par « grignotage ».
Figure 3 : les différentes étapes de grignotage de la tour - schéma en coupe

Finalement, c’est cette deuxième technique qui a été retenue par l’exploitant. Celle-ci est moins rapide, mais limite les risques et les impacts du chantier en comparaison avec la technique du foudroyage. Par ailleurs, elle bénéficie d’un retour d’expérience positif de sa mise en œuvre pour plusieurs chantiers en Europe, notamment la déconstruction de 4 TAR entre 2018 et 2019 sur la centrale de Jaslovské Bohunice en Slovaquie.

Figure 4 : les différentes étapes de grignotage de la tour - infographie 3D

La technique du grignotage consiste à découper progressivement la partie supérieure de la tour, grâce à une pince hydraulique à béton portée par une grue positionnée au centre de la tour. La fin des opérations sera réalisée depuis des engins au sol.

Le dossier de l’exploitant justifie la tenue mécanique des tours pendant leur déconstruction, analyse les risques pendant le chantier (événements intempestifs, météorologie, etc.) et les nuisances ou risques générés par ces opérations pour les installations à proximité (conséquences des chutes de blocs, vibrations, bruits, poussières…), et identifie les dispositions qui seront mises en œuvre pour prévenir ou limiter ces risques et nuisances. Par exemple, l’émission de poussières sera contrôlée pendant le chantier et des dispositifs de brumisation d’eau seront installés au niveau de la pince hydraulique et dans la zone de chute des blocs afin de limiter leur diffusion. L’exploitant privilégiera par ailleurs la réutilisation sur site des gravats produits, en tant que remblai, ce qui minimisera les besoins de transport et l’impact environnemental associé. Enfin, les ferraillages seront récupérés pour être valorisés par recyclage.

A l’issue de l’examen de ce dossier, l’ASN considère que ces dispositions sont satisfaisantes et que les modalités techniques prévues par l’exploitant sont conformes au cadre prévu par le projet de démantèlement de l’installation ; en particulier, le choix de la technique de grignotage assure un bon niveau de maîtrise des enjeux induits par ce chantier de déconstruction.

Les principaux risques associés à ces opérations concernent certaines « utilités industrielles » (installations électriques, de gestion des eaux, de communication…) présentes à proximité, mais qui feront l’objet de mesures de protection et dont l’endommagement le cas échéant n’aurait pas de conséquence directe sur la sûreté des différentes installations du site du Tricastin.

En savoir plus

Publié le 10/07/2024

DÉCISIONS DE L'ASN

Décision n° 2024-DC-0783 de l’ASN du 4 juillet 2024

Décision n° 2024-DC-0783 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 juillet 2024 donnant l’accord aux opérations de déconstruction des tours aéroréfrigérantes de l’installation nucléaire de base n°93 dénommée « Usine Georges Besse », implantée sur le site du Tricastin

Publié le 03/11/2020 à 12:00

Tricastin : démantèlement de deux installations du cycle du combustible

L’installation Georges Besse (INB 93) du site du Tricastin (Drôme) était destinée à l’enrichissement de l’uranium et est constituée principalement d’une installation de séparation des isotopes de l’uranium par le procédé de diffusion gazeuse. Elle avait été mise en service en 1978.

 

Date de la dernière mise à jour : 10/07/2024