Rejet non autorisé d’eau déminéralisée contenant de la morpholine dans l’environnement
Le 12 mars 2019, l’exploitant de la centrale nucléaire de Golfech a déclaré à l’ASN un événement significatif pour l’environnement relatif au contournement des voies normales de rejet à la suite du débordement d’un réservoir d’eau déminéralisé contenant de la morpholine.
Le circuit de distribution d’eau déminéralisée conventionnelle permet de produire et distribuer de l’eau contenant de la morpholine dans les circuits secondaires des réacteurs. La morpholine est utilisée comme agent anticorrosion dans ces circuits, en maintenant un pH légèrement basique.
En fonctionnement normal, la centrale nucléaire de Golfech est autorisée à rejeter dans l’environnement de l’eau contenant de la morpholine dans les conditions fixées par l’arrêté du 18 septembre 2006[1]. En particulier, ces rejets sont autorisés dans la Garonne, uniquement au niveau de l’ouvrage de rejet principal, dans les limites de 1,7 mg/L de concentration maximale ajoutée et 80 kg en 24 heures.
Le 9 mars 2019, un réservoir a été mis en remplissage automatique avec le circuit de distribution d’eau déminéralisée conventionnelle. Une fois ce réservoir rempli vers 17h, la vanne d’alimentation du réservoir s’est refermée. Alors qu’elle aurait dû s’arrêter automatiquement, la production d’eau déminéralisée a continué et alimenté un second réservoir, bien que la vanne d’alimentation de celui-ci était fermée. L’exploitant avait en effet identifié en juin 2018 que cette vanne ne fermait plus de manière étanche.
Le second réservoir étant déjà quasiment plein, celui-ci a débordé et son trop-plein s’est déversé dans le circuit d’eaux pluviales vers le bassin d’orage. En fonctionnement normal, ce bassin n’est pas isolé du canal qui alimente la centrale en eau. Le trop-plein du second réservoir a donc été directement acheminé dans le milieu naturel.
Le débordement du réservoir a été constaté à minuit par un agent de terrain. La production d’eau déminéralisée a été arrêtée 15 minutes après la détection du débordement. La vanne permettant d’isoler le bassin d’orage du canal a été fermée 30 minutes après cette détection.
Le volume d’eau rejeté dans le canal de fuite s’élève à 200 m3 avec une concentration de 7 mg/L de morpholine soit une quantité de morpholine rejeté dans le milieu de 1,4 kg. Ce rejet a été réalisé à travers l’ouvrage de rejet secondaire, ce qui n’est pas conforme à l’arrêté du 18 septembre 2006 qui autorise les rejets d’eau contenant de la morpholine uniquement via l’ouvrage de rejet principal dans les limites précitées.
Toutefois, du fait de la faible quantité de morpholine rejetée, cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’environnement.
L’exploitant analyse actuellement les causes profondes de l’événement ayant conduit au contournement des voies normales de rejet.
Le 13 mars 2019, l’ASN a conduit une inspection sur site à la suite de la déclaration de cet événement. Elle a demandé à l’exploitant de réparer la vanne d’alimentation du réservoir dans les meilleurs délais et de mettre en place des mesures compensatoires afin de détecter au plus tôt un débordement de ce type de réservoirs et d’éviter tout rejet non maîtrisé dans l’environnement.
En savoir plus :
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[1] Arrêté du 18 septembre autorisant Electricité de France à poursuivre les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents liquides et gazeux pour l’exploitation du site nucléaire de Golfech
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Événement hors échelle