Pollution par du tritium des nappes phréatiques situées sous le site
Lors d'analyses de routine, prescrites par l'arrêté ministériel réglementant les rejets de cette installation, le CNPE de Cruas-Meysse a détecté, au début de l'année 2004, la présence de tritium dans les effluents de sa station d'épuration. Les investigations conduites à l'époque ont rapidement permis de détecter la présence de tritium dans la nappe profonde située sous le CNPE et servant à l'alimentation en eau potable du site. Des investigations complémentaires ont permis d'identifier que ce tritium provenait de la nappe d'accompagnement du Rhône (nappe superficielle) et serait entraîné vers la nappe profonde par l'effet du pompage d'alimentation en eau potable.
Le tritium est un isotope radioactif de l'hydrogène. L'eau qui assure le refroidissement du coeur du réacteur se charge progressivement en tritium, produit par capture de neutrons issus de la réaction nucléaire. Une partie de cette eau est rejetée, après traitement et entreposage dans des réservoirs spécifiques, dans le milieu naturel. Il n'existe pas de solution technique simple pour retenir le tritium dans les installations.
Les recherches conduites pour déterminer l'origine de la pollution de la nappe superficielle conduisent EDF à suspecter l'inétanchéité d'un ou plusieurs réservoirs de stockage d'effluents radioactifs. Les visites internes approfondies réalisées sur deux réservoirs n'ont pas mis en évidence de défauts traversants. Un premier réservoir, puis un second, ont été vidés puis mis provisoirement hors service, sans que ces actions aient un impact sensible sur la contamination de la nappe.
Le suivi régulier de la concentration en tritium de l'eau potable distribuée sur le CNPE a montré une augmentation soudaine de cette dernière le 29 janvier 2005. La concentration maximale atteinte est de 1000 Bq/l, soit environ 1/8ème de la valeur maximale recommandée pour les eaux de boissons par l'Organisation Mondiale de la Santé (7800 Bq/l). Bien que cette valeur maximale ne soit pas atteinte, EDF a recommandé aux agents du site de ne plus utiliser l'eau du robinet comme eau de boisson. Cette concentration est depuis revenue à des valeurs plus faibles.
A ce jour, le CNPE n'a toujours pas identifié avec certitude l'origine de la pollution. Il poursuit actuellement ses investigations pour trouver la cause et y remédier. Plusieurs piézomètres (dispositifs destinés à contrôler la qualité de l'eau souterraine) ont été creusés par EDF, seuls quelques uns d'entre eux mettant en évidence une contamination de la nappe.
L'Autorité de sûreté nucléaire avait procédé durant l'été 2004 à une inspection inopinée destinée à vérifier la qualité des mesures réalisées par EDF. Cette inspection n'avait pas mis en évidence d'anomalie particulière.
A ce jour, les concentrations en tritium relevées dans la nappe sous le CNPE restent sans conséquence sanitaire. Les mesures effectuées à l'extérieur du site n'ont pas révélé de présence significative de tritium.
En conséquence, cet événement a été classé au niveau 0 de l'échelle INES.
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 0
Écart