Non-respect des prescriptions de l’ASN lors d’un événement affectant une source radioactive scellée à l’occasion d’un chantier de gammagraphie

Publié le 26/12/2022

APAVE NDT 57365 Ennery

Le 2 décembre 2022, l’APAVE NDT (Non Destructive Testing) a déclaré à l’ASN un événement significatif en radioprotection concernant la perte du contrôle de la source radioactive d’un appareil de gammagraphie, survenue lors de la mise en place d’un chantier destiné aux contrôles radiographiques d’assemblages soudés sur le site de l’entreprise CRYOLOR située à Ennery (57365), en Moselle.

L’APAVE NDT réalise, sur chantier ou dans ses locaux, des contrôles radiographiques pour l’industrie. Elle bénéficie d’une autorisation de l’ASN lui permettant notamment de détenir et d’utiliser des appareils mobiles de gammagraphie (aussi appelés gammagraphes) de type « GAM 80 », contenant une source radioactive scellée de Sélénium 75 de haute activité.

Schéma d’un gammagraphe GAM 80

Lors d’une prestation de radiographie industrielle réalisée dans les ateliers de l’entreprise CRYOLOR, le 30 novembre 2022 vers 21h00, un des deux radiologues a constaté, après la connexion de la gaine d’éjection, que le voyant de sécurité du projecteur signalait une anomalie pouvant indiquer que l’obturation à l’avant du projecteur était incomplète, laissant passer un fort débit de rayonnements. Une mesure a confirmé un débit d’équivalent de dose anormalement élevé de 4 mSv/h vers l’avant du projecteur. Les radiologues ont déconnecté la gaine d’éjection ainsi que la télécommande, et ont verrouillé le projecteur avec sa clé, sans toutefois que cela ne résolve le problème d’obturation incomplète. Sur la base de l’avis de leur hiérarchie, les radiologues ont alors suspendu le chantier et sont retournés à l’agence de Metz afin d’entreposer l’appareil en cause dans des installations dédiées.

Les actions des opérateurs n’ont pas respecté les consignes prévues par l’autorisation de l’ASN en vigueur, qui dispose notamment que « toute manipulation du projecteur ou des accessoires d’un gammagraphe, alors que la source radioactive dont il est équipé n’est pas en position de sécurité n’est pas couverte par la présente autorisation et nécessite une autorisation spécifique préalable de l’ASN ».

Les manipulations, réalisées en dehors des conditions normales d’utilisation de l’appareil et sans évaluation préalable des risques, ont pu conduire à une surexposition aux rayonnements ionisants des personnes à proximité du projecteur défaillant, que ce soit sur les lieux du chantier, pendant le transport ou dans les locaux de l’agence de Metz. Par ailleurs, ces manipulations peuvent avoir entraîné une aggravation de la situation de la source radioactive. Elles compliquent en tout état de cause la réalisation d’une intervention spécifique pour résoudre la défaillance du projecteur.

Considérant le manque de culture de radioprotection mis en lumière par ces décisions d’action inappropriées, l’ASN classe cet événement au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).

L’entreprise de contrôles radiographiques a interdit l’accès au coffre d’entreposage des appareils de gammagraphie. Un contrôle du débit de dose a montré que les niveaux d'émission à l'extérieur du coffre étaient conformes au niveau attendu. Parallèlement, le fournisseur a été sollicité afin de faire un diagnostic et de proposer les solutions susceptibles de remédier à la situation.

L’ASN a réalisé le 13 décembre 2022 une inspection portant sur cet incident, en vue de mieux comprendre les conditions dans lesquelles cet événement a été géré et de préciser les éléments d’analyse qui devront être présentés par l’APAVE NDT dans le compte rendu détaillé de cet incident. Ce compte rendu sera à transmettre à l’ASN dans les 2 mois suivant la déclaration.

La lettre de suite de cette inspection sera consultable sur le site Internet de l’ASN.

L’ASN rappelle l’obligation, pour tous les prestataires de radiographie industrielle, de respecter la conduite à tenir face à une situation de perte de contrôle d’une source de gammagraphie. Dans un premier temps, il convient d’interdire toute manipulation du gammagraphe et de mettre en place rapidement un périmètre de sécurité pour éviter toute surexposition aux rayonnements ionisants. Dans un second temps, les ressources internes à l’entreprise, ainsi que celles du fournisseur de l’appareil, doivent être mobilisées pour analyser la situation et élaborer un scénario d’intervention en vue de remettre en sécurité la source radioactive. Un tel scénario doit être soumis, préalablement à sa mise en œuvre, à l’approbation de l’ASN.

Date de la dernière mise à jour : 03/01/2023

Classement de l’incident (INES)

Niveau 1

Anomalie