Région Nouvelle-Aquitaine et ex-Midi-Pyrénées : en 2023, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant

Publié le 10/09/2024 à 11:00

Communiqué de presse

A l’occasion de la parution du Rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023, la division territoriale de Bordeaux de l’ASN présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2023 en région Nouvelle-Aquitaine et ex-Midi-Pyrénées.

L’activité de contrôle de l’ASN en 2023 en région Bourgogne-Franche-Comté


203 inspections :

  • 82 inspections dans les centrales nucléaires du Blayais, de Civaux et de Golfech ;
  • 102 inspections dans le nucléaire de proximité ;
  • 8 inspections dans le domaine du transport de substances radioactives ;
  • 11 inspections concernant les organismes et laboratoires agréés par l’ASN.

19 événements significatifs :

  • 14 événements significatifs pour la sûreté classés au niveau 1 de l’échelle INES ;
  • 4 événements significatifs pour la radioprotection classés au niveau 1 de l’échelle INES ;
  • 1 événement classé au niveau 2 de l’échelle ASN-SFRO.

Le contrôle des centrales nucléaires d’EDF (Blayais, Civaux, Golfech)

Centrale nucléaire du Blayais

Le site du Blayais abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de la Gironde, à 50 km au nord de Bordeaux.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire du Blayais en matière de sûreté nucléaire sont en retrait par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF, et que les actions engagées pour rehausser ces performances doivent être poursuivies et amplifiées. Les performances en matière de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent cette appréciation générale.

La centrale du Blayais n’est pas parvenue à enrayer la dégradation des performances déjà constatée en 2022. Dans le cadre de la conduite des rédacteurs, l’ASN considère que les performances de l’exploitant n’ont pas été à l’attendu, malgré la mise en place d’un plan de rigueur et du renforcement des effectifs. L’ASN a relevé des lacunes dans la formation et le maintien des compétences, le respect des procédures et la préparation des activités.

Dans le domaine de la maintenance, qui était jugé plutôt performant en 2022, l’ASN a constaté des difficultés de suivi et de réalisation d’activités dans le contexte d’un programme industriel conséquent généré par les visites décennales des réacteurs, ce qui constituera un point de vigilance en 2024.

En ce qui concerne la radioprotection des travailleurs, les performances ont légèrement progressé. L’ASN souligne l’engagement de l’exploitant, qui se heurte à des difficultés chroniques, et note favorablement la bonne maîtrise de la radioprotection lors des arrêts de réacteurs en 2023.

Concernant la protection de l’environnement, l’ASN souligne les résultats obtenus par l’exploitant pour améliorer le fonctionnement de la station d’épuration des eaux usées, pour la maîtrise d’anciennes pollutions dans les sols et dans les nappes souterraines, et pour la diminution de ses rejets diffus de fluides frigorigènes à effet de serre. Toutefois, l’ASN a constaté la poursuite de pratiques d’exploitation inadéquates.

Par ailleurs, l’ASN a adopté en 2023 deux décisions encadrant les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents liquides et gazeux de la centrale nucléaire du Blayais. Ces nouvelles décisions actualisent les prescriptions de 2003 afin de prendre en compte les évolutions de la réglementation et le retour d’expérience des rejets d’effluents liquides et gazeux, conduisant à l’abaissement de certaines limites de rejets.

Centrale nucléaire de Civaux

Le site de Civaux abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de la Vienne, à 30 km au sud de Poitiers. Cette centrale nucléaire est constituée de 2 réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 1450 MWe. Le réacteur 1 constitue l'installation nucléaire de base (INB) 158, le réacteur 2 l'INB 159.

Après une année 2022 marquée par l’arrêt de ses deux réacteurs, lié au phénomène de corrosion sous contrainte, l’ASN considère qu’en 2023 les performances de la centrale nucléaire de Civaux en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. La tendance est néanmoins à la baisse, liée au redémarrage des deux réacteurs de la centrale début 2023. Les performances en matière d’environnement se distinguent favorablement par rapport à cette appréciation générale.

Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances se sont dégradées en 2023, notamment en ce qui concerne la conduite des installations. Le redémarrage des deux réacteurs a été particulièrement concerné par des erreurs ou des difficultés à maintenir les installations dans l’état attendu. La maintenance est également considérée comme en retrait par rapport aux années précédentes et le maintien des compétences dans les services de maintenance constitue un point de vigilance. La maîtrise du risque d’incendie est considérée comme assez satisfaisante.

Dans le domaine de la radioprotection des travailleurs, l’année 2023 a été marquée par un événement de dispersion de contamination dans le bâtiment réacteur pendant l’arrêt du réacteur 2. L’ASN a cependant constaté lors de la dernière inspection menée sur le sujet une prise de conscience de l’exploitant, qui a mis en œuvre un programme d’action en réponse à cet événement.

Centrale nucléaire de Golfech

Le site de Golfech abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département du Tarn-et-Garonne, à 40 km à l'ouest de Montauban. Cette centrale est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 1300 MWe. Le réacteur 1 constitue l'installation nucléaire de base (INB) 135, le réacteur 2 (INB) 142.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Golfech en matière de sûreté nucléaire, de protection de l’environnement et de radioprotection rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF.

Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances de la centrale se sont améliorées par rapport à l’année 2022. Le plan de rigueur en matière de sûreté mis en place depuis 2019 exprime l’engagement de la direction à améliorer les performances du site en matière de sûreté nucléaire. L’ASN considère que l’exploitant devra poursuivre ses efforts dans la mise en œuvre du plan d’action visant à rétablir les performances du site afin de renforcer les améliorations constatées en 2023.

En matière de maintenance, l’année 2023 a été marquée par la poursuite de la visite décennale du réacteur 1 et l’arrêt durant environ six mois du réacteur 2. Le travail engagé par le site pour améliorer la qualité de la maintenance a permis de stabiliser ses performances dans ce domaine.

En matière de radioprotection des travailleurs, l’ASN considère que les performances du site se sont améliorées par rapport à l’année 2022. L’ASN note la bonne implication des membres du pôle de compétence en radioprotection des travailleurs ; néanmoins, des améliorations sont attendues dans la maîtrise des doses au cours des arrêts de réacteur et dans le respect des procédures d’accès en zone orange.

Enfin, dans le domaine de la protection de l’environnement, l’ASN attend des améliorations dans la maîtrise du confinement et des rejets.

Domaine médical

L’état de radioprotection dans le domaine médical est satisfaisant, mais des fragilités persistent, notamment dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées (PIR), qui ont conduit l’ASN à appliquer des moyens de coercition avec une mise en demeure pour la formation à la radioprotection des personnels et la mise en conformité des locaux. Quel que soit son niveau de maturité, la culture de radioprotection doit rester vivante afin d’éviter d’oublier des erreurs du passé. Ainsi, un nombre inédit d’erreurs de cible en radiothérapie, en particulier des erreurs de latéralité, a été rapporté en 2023 et continue en 2024.

Une attention particulière est portée aux signaux faibles observés dans un contexte général de manque de moyens, parfois financiers, mais surtout humains. L’ASN note également une augmentation de remontées, en inspection et par le dispositif de recueillement des signalements des lanceurs d’alerte, de situations conflictuelles internes.

L’ASN attire l’attention des décideurs sur la nécessité d’évaluer l’impact de ces évolutions sur les organisations et le travail des intervenants et de définir précisément les rôles et les responsabilités de l’ensemble des acteurs. La responsabilisation de l’ensemble des acteurs est nécessaire pour assurer le maintien et le développement de la culture de radioprotection.

En savoir plus :

 


L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2022 est téléchargeable en ligne

Publié le 16/05/2024

La sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2023

Le niveau de sûreté des installations nucléaires a été satisfaisant en 2023 avec une moindre tension sur les installations du cycle du combustible qu’en 2022 et la mise en œuvre par EDF d’une stratégie jugée appropriée par l’ASN pour faire face et traiter le phénomène de corrosion sous contrainte apparu sur certains de ses réacteurs. Les performances en matière de radioprotection se sont maintenues à un bon niveau malgré une augmentation, dans le secteur médical, d’événements significatifs de niveau 2. Cette situation contrastée conduit à rappeler l’importance des analyses de risques en radiothérapie.

 

Contact presse :
Evangelia PETIT, cheffe du service presse - 01 46 16 41 42 -  evangelia.petit@asn.fr

Date de la dernière mise à jour : 10/09/2024