Phénomène de corrosion sous contrainte affectant les réacteurs électronucléaires : L’ASN considère que la stratégie de contrôle d’EDF est appropriée
Communiqué de presse
L’ASN a pris position le 26 juillet 2022 sur la stratégie de contrôle proposée par EDF vis-à-vis du phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) affectant ses réacteurs. L’ASN considère que la stratégie d’EDF est appropriée compte-tenu des connaissances acquises sur le phénomène et des enjeux de sûreté associés.
Depuis la découverte, à la fin de l’année 2021, de fissurations par CSC sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux, EDF a mené de multiples travaux afin d’approfondir la compréhension du phénomène et d’identifier les zones concernées. Ces investigations ont notamment conduit à la réalisation de près de 70 expertises en laboratoire de soudures prélevées sur huit réacteurs.
Ces expertises et les analyses réalisées par EDF étaient indispensables pour étayer sa stratégie de contrôle. Elles ont permis d’identifier la géométrie des tuyauteries et les contraintes thermomécaniques auxquelles elles sont soumises comme les principaux facteurs susceptibles d’influer sur l’apparition de la CSC. EDF identifie comme étant les plus sensibles :
- les lignes du circuit d’injection de sécurité (RIS) situées en branche froide [1] et les lignes d’aspiration du circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt (RRA) des quatre réacteurs du palier N4 [2] ;
- les lignes du circuit RIS d’injection situées en branche froide des réacteurs du palier P’4 [3].
Au regard des connaissances disponibles, les réacteurs des paliers P4 [4] et de 900 MWe apparaissent comme peu ou très peu sensibles au phénomène de CSC.
EDF prévoit de contrôler l’ensemble de ses réacteurs d’ici 2025, en priorisant le contrôle de ces zones les plus sensibles des réacteurs N4 et P’4. Les contrôles seront réalisés sur les réacteurs avec un nouveau procédé de contrôle non destructif par ultrasons. Ce procédé a été développé dans l’objectif de pouvoir détecter de façon fiable des fissures de CSC et de pouvoir estimer leur profondeur. Les résultats actuellement obtenus par EDF, après six mois de développement, sont encourageants, et doivent permettre de mobiliser ce nouveau moyen de contrôle dès la deuxième partie de l’année 2022.
L’ASN considère que cette stratégie répond à la nécessité de poursuivre les contrôles sur les lignes considérées comme les plus sensibles. Toutefois, s’agissant du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Belleville, l’ASN considère que le contrôle de ce réacteur prévu en 2024 est trop tardif.
L’ASN considère que les connaissances sur le phénomène de CSC sont encore évolutives et que le programme de contrôle devra être adapté si les contrôles ou analyses mettent en évidence des éléments nouveaux.
L’ASN poursuit, avec l’appui de l’IRSN, l’instruction des éléments transmis par EDF. Le sujet fera l’objet au mois de septembre d’une présentation devant le groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires.
En savoir plus :
[1] Les branches froides sont les tuyauteries du circuit primaire principal qui vont des groupes motopompes vers la cuve du réacteur.
[2] Il s’agit des quatre réacteurs de 1450 MWe des centrales nucléaires de Chooz B et de Civaux.
[3] Il s’agit des douze réacteurs de 1300 MWe des centrales nucléaires de Belleville, Cattenom, Golfech, Nogent-sur-Seine et Penly.
[4] Il s’agit des huit réacteurs de 1300 MWe des centrales nucléaires de Paluel, Saint-Alban et Flamanville.
Date de la dernière mise à jour : 04/11/2022