Non-respect d’une mesure compensatoire liée à la ségrégation du carbone des fonds primaires des générateurs de vapeur

Publié le 09/11/2022

Centrale nucléaire du Bugey Réacteurs de 900 MWe - EDF

Le 3 novembre 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté concernant le non-respect d’une mesure compensatoire liée au phénomène de ségrégation du carbone dans l’acier des fonds primaires des générateurs de vapeur du réacteur 4.

Les fonds primaires des trois générateurs de vapeur [1] du réacteur 4 de la centrale nucléaire du Bugey présentent, dans leur zone centrale, une concentration supérieure à la norme en carbone. Celle-ci, appelée ségrégation du carbone, doit normalement être éliminée de la pièce finale lors des opérations de forgeage, ce qui n’a pas été le cas lors de la fabrication de ces fonds. Cette zone présente potentiellement des propriétés mécaniques, en particulier de résistance à la propagation de fissures, plus faibles qu’attendues.

Afin d’éviter d’exposer les générateurs de vapeur à des chocs de température lors des phases de démarrage ou d’arrêt du réacteur, les spécifications techniques d’exploitation (STE) du réacteur 4 ont été modifiées pour tenir compte de cette situation, notamment en définissant des mesures compensatoires d’exploitation. Ces mesures consistent notamment, lors du redémarrage du réacteur, à ce que :

  • la température minimale du circuit primaire soit de 30 °C lors de la mise en service de la première pompe primaire puis de 60 °C pour la mise en service des deux autres ;
  • le gradient de chauffe du circuit primaire jusqu’à l’atteinte d’une température de 60°C soit limité à 14 °C par heure une fois la première pompe primaire mise en service.

Le 1er novembre 2022, lors du redémarrage du réacteur 4, la première pompe a été mise en service avec une température du circuit primaire de 35,8 °C. Par contre, les deux autres pompes primaires ont été mises en service entre 2h et 3h du matin alors que la température du circuit primaire était comprise entre 40 °C et 45 °C, ce qui constitue un non-respect des STE applicables à ce réacteur. La mesure compensatoire limitant le gradient de chauffe du circuit primaire à 14 °C par heure, lors de cette phase du redémarrage, a toutefois été respectée. L’écart a été détecté par la même équipe de conduite à 5h du matin.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les personnes et l’environnement. Toutefois, compte tenu du non-respect d’une mesure compensatoire associée à une modification temporaire des spécifications techniques d’exploitation, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.

 


[1] Un générateur de vapeur (GV) est un échangeur thermique entre l'eau du circuit primaire, portée à haute température (320 °C) et à pression élevée (155 bars) dans le cœur du réacteur, et l'eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine. Chaque générateur de vapeur comporte plusieurs milliers de tubes en forme de U, qui permettent les échanges de chaleur entre l'eau du circuit primaire et l'eau des circuits secondaires pour la production de la vapeur alimentant la turbine. Les réacteurs à eau sous pression de 900 MWe comportent trois générateurs de vapeur.

 

Date de la dernière mise à jour : 09/11/2022

Classement de l’incident (INES)

Niveau 1

Anomalie