6 Groupes de réflexion tritium - Synthèse des travaux et recommandations 1 Introduction aux synthèses des travaux et recommandations des groupes de réflexion 1 1 Objectifs et approche L’Autorité de sûreté nucléaire a souhaité en 2008 la création de deux groupes de réflexion chargés d’établir un état des lieux des connaissances scientifiques relatives à l’impact environnemental et sanitaire (groupe « impact du tritium») et un état des lieux des sources et de l’impact du tritium (groupe « tritium : défense en profondeur ») et d’élaborer, si nécessaire, des recommandations. D’emblée il convient de souligner la volonté de pluralisme qui a soustendu la constitution de ces groupes. Ceux-ci reprennent en effet largement les parties prenantes françaises, tant du côté des autorités, des organismes d’expertises, de recherche et des opérateurs que de celui de la société civile. Chacun a eu la possibilité de s’exprimer, dans le cadre d’une présentation et au travers des débats, et de produire un texte écrit qui est repris in extenso dans le présent livre blanc. Ces textes écrits n’engagent que leurs auteurs. Les synthèses ci-après résument les principaux points abordés en présentant les différents points de vue, précisent le cas échéant s’ils font l’objet de désaccord et s’achèvent par une série de recommandations du groupe de réflexion. En particulier, les groupes ont reçu pour mission d’explorer les thèmes : • pour le groupe « impact », d’une possible accumulation du tritium le long de la chaîne alimentaire et d’une éventuelle réévaluation des effets sur la santé du rayonnement bêta du tritium. • pour le groupe « défense en profondeur », des conséquences de l’augmentation future des rejets en tritium, et des solutions industrielles pour la séparation et la séquestration du tritium à partir des rejets liquides ou gazeux. 1 2 Le tritium Le tritium (3H) est un isotope radioactif de l’hydrogène, son activité massique est de 358 TBq.g-1. A l’état naturel, 3H est en proportion infime : on compte de l’ordre de 1 atome de tritium pour 1018 atomes d’hydrogène. Chaque année, environ 70 000 TBq (0,2 kg) de tritium sont produits par interaction des rayonnements cosmiques avec différents constituants atmosphériques. La période radioactive du tritium est de 12,3 ans, l’inventaire global du tritium naturel est évalué à 1300 PBq1 (3,5 kg). Le tritium existe sous différentes formes chimiques : eau tritiée (HTO), tritium gazeux (HT) et tritium lié à la matière organique (TOL). Emetteur bêta de faible énergie (énergie moyenne de 5,7 keV), le tritium est généralement considéré comme un élément de faible radiotoxicité. Il suit le cycle de l’hydrogène, dans lequel il se dilue. La forme prépondérante dans la biosphère est l’eau tritiée, dont la période biologique par ingestion est estimée à 10 jours pour un adulte. La voie prépondérante d’exposition au tritium est l’ingestion. Une dose annuelle d’environ 0,01 μSv est due à l’exposition au 3H d’origine naturelle. 2 Synthèse des travaux et recommandations du groupe de réflexion « Impact du tritium » 2 1 Bref rappel du contexte de ces travaux Le tritium est d’origine naturelle ou anthropogénique. Il est produit sous formed’hydrogènetritié,d’eautritiéeoudemoléculesorganiquestritiées. Sous l’effet du processus d’oxydation, le tritium gazeux se transforme en eautritiéeetrejointainsilecycledel’eau.L’hydrogèneétantunconstituant majeur de la matière vivante (avec le carbone, l’oxygène et l’azote), le tritium peut devenir un constituant de molécules organiques cellulaires à l’occasion de processus tels que la photosynthèse ou, chez l’animal, la biosynthèse des molécules constitutives des cellules, ou encore par des échanges d’hydrogène avec le milieu ambiant. Les différences de forces de liaison avec la matière organique conduisent à définir deux sous-fractions de tritium organiquement lié (TOL): le TOL échangeable (avec l’hydrogène de l’eau cellulaire) et le TOL non-échangeable (en pratique le tritium lié au carbone). Les processus d’échange peuvent être ralentis voire bloqués après la mort des organismes, permettant une certaine rémanence des molécules organiques dans les sols ou les sédiments. Emetteur bêta de faible énergie, le tritium est généralement considéré comme un élément de faible radiotoxicité. Le tritium ingéré sous forme organique via le bol alimentaire normal est environ trois fois plus radiotoxique que l’eau tritiée (le coefficient de dose par unité d’activité ingérée est environ trois fois plus élevé). Ceci est lié aux différences dans la période d’élimination biologique. Depuis quelques années, le tritium est revenu à l’ordre du jour. D’une part, des concentrations élevées de formes organiques de tritium ont en effet été observées de façon inattendue chez certaines espèces marines (poissons plats, crustacés, mollusques) de la baie de Cardiff, zone dans laquelle il y a eu des rejets industriels demolécules biologiquesmarquées au tritium. Des observations analogues mais moins marquées ont par ailleurs été faites au large de Sellafield, zone où les rejets industriels sont théoriquement limités à de l’eau tritiée. Ces observations posent la question d’une possible accumulation du tritium le long de la chaîne alimentaire marine. D’autre part, sur le plan sanitaire, des synthèses Groupes de réflexion tritium Synthèse des travaux et recommandations 1 Les principaux multiples utilisés : 103 kilo k ; 106 mega M ; 109 giga G ; 1012 téra T ; 1015 péta P ; 1018 exa E Dr Patrick Smeesters AFCN, président du groupe « impact du tritium » M. Roland Masse, AT, président du groupe «tritium : défense en profondeur »
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