64 Le tritium dans l’environnement 5 1 3 2 Diminution des activités de tritium D’une manière générale, les activités de tritium diminuent depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, la quantification des marquages en milieu continental imputables aux installations nucléaires devient délicate, car les valeurs à mesurer sont proches du bruit de fond local. Les chroniques temporelles des mesures des activités HTO et OBT dans l’environnement français sur la période 1990-2007 sont représentées sur la figure 5.2. Les résultats incluent des mesures réalisées dans l’environnement hors de toute influence de rejets et des mesures sous influence vraisemblable (zones sous les vents dominants autour de sites EDF), à l’exclusion des zones sous influence directe de Marcoule et de Valduc. Les figures 5.3 a et 5.3 b regroupent les valeurs des activités du tritium HTO et des activités du tritiumOBT en Bq/L, pour les échantillons biologiques 3 prélevés en milieu terrestre ; la figure 5.3 c présente les valeurs d’activité du tritium OBT dans la couche superficielle des sols. Les valeurs sont entachées d’incertitudes de mesure importantes, qui atteignent en moyenne 36 % pour le tritium HTO et 27 % pour OBT ; la limite de détection est de l’ordre de 1,4 Bq/L pour les deux fractions. Compte tenu des faibles niveaux mesurés (proches des limites de détection), les observations qui suivent sont indicatives. On constate de façon générale que : • tous échantillons confondus, le nombre des mesures inférieures au seuil de détection est en constante augmentation ; les valeurs supérieures au seuil de détection sont plus nombreuses pour le tritium OBT que pour le tritium HTO ; • l’activité de tritium HTO dans les échantillons biologiques diminue avec une période effective 4 de l’ordre de 15 ans, valeur voisine de la période radioactive du tritium. La plupart des valeurs récentes sont de l’ordre de 1 à 2 Bq/L ; • l’activité de tritium OBT dans les échantillons biologiques diminue avec une période effective de l’ordre de 6 ans ; quelques échantillons présentent encore en 2006-2007 des concentrations supérieures à 5 Bq/L mais la plupart des valeurs sont de l’ordre de 1 à 2 Bq/L ; • l’activité de tritiumOBT des sols diminue avec une période effective de l’ordre de 5 ans, que l’on peut considérer équivalente à la précédente. Ces résultats tendent à montrer qu’il n’y a pas de bioaccumulation du tritium dans les écosystèmes continentaux, dans la mesure où les activités du tritiumOBT décroissent plus vite que la période radioactive du tritium et que les activités du tritium dans les matrices biologiques (exprimées en Bq/L) sont dans la gamme des valeurs observée dans les eaux de pluie. Les rares échantillons (feuilles d’arbre) qui présentent actuellement, des activités de tritium OBT un peu plus élevées que la moyenne ont été prélevées dans des stations probablement influencées par une activité ambiante de tritium plus élevée, actuelle ou passée ; les végétaux pérennes ont la possibilité de retenir le tritium organique dans leurs organes persistants (troncs et racines des arbres, racines et mat de prairie) et on peut avancer l’hypothèse non vérifiée qu’ils peuvent transférer une partie de ce tritium vers les feuilles, au fil du temps. Il y aurait donc une possibilité de rémanence dans ce type de végétaux, telle que décrite au paragraphe 2.2.3. Cette conclusion, tirée d’observations faites sur des échantillons divers émanant de différentes stations, ne doit être considérée que comme une tendance générale. Ellemériterait d’être confortée par des observations plus fines, comprenant davantage de résultats de mesure supérieures aux limites de détection. a) Tritium libre (Bq/L d’eau de distillation). Environ 410 échantillons dont 64 % présentent des valeurs supérieures au seuil de détection. Valeurs à la date de mesure. b) Tritium lié à la matière organique (Bq/L d’eau de combustion). Environ 375 échantillons dont 90 % présentent des valeurs supérieures au seuil de détection Le tritium lié tel que mesuré ici correspond à l’ensemble du tritium organiquement lié échangeable et non échangeable. Les valeurs sont à la date de mesure. c) Tritium lié dans les sols (0-10 cm) (Bq/L d’eau de combustion). Environ 100 échantillons dont 100 % présentent des valeurs supérieures au seuil de détection. Valeurs à la date de mesure. 3 Herbe, feuilles d’arbres, feuilles de lierres, blé, salade, lait… 4 La période effective est déduite de l’ajustement d’une fonction exponentielle aux données d’une chronique de mesure, soit : 3H(t) = 3H(t = 0) 2-t/Teff ; en général, les coefficients de détermination R2 sont faibles, en raison de l’ajustement à un modèle, inévitablement simplificateur, la dispersion des valeurs inhérente aux mesures d’échantillons prélevés (regroupement de tous types d’échantillons, variabilité naturelle et artéfacts lors des phases de prélèvement, traitement et mesure) et la brièveté de la chronique (une quinzaine d’années), du même ordre que la période radioactive du tritium (12,32 ans).
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=