267 Tritium : limites de rejets et impact installations nucléaires et conduisent à une augmentation généralement très faible des doses totales calculées pour les rejets de l’ensemble des radionucléides (le tritium ne comptant que pour une faible part de ces doses). En conséquence, l’intérêt de ces variantes est assez limité pour le cadre réglementaire ; à titre d’information, le Groupe Radioécologie Nord-Cotentin2 ne les a pas retenues et a supposé pour ses calculs que la totalité du tritium des organismes marins et terrestres est sous forme d’eau tritiée. Toutefois, dans les cas où le tritium représenterait une part importante des doses calculées pour la population du fait des rejets d’un ensemble de radionucléides, il serait souhaitable de tenir compte des processus susceptibles d’augmenter, même légèrement, l’estimation des doses, notamment le transfert de tritium à la matière organique. 2 2 Impact du tritium rejeté dans les effluents gazeux : la voie transcutanée Outre l’inhalation et l’ingestion, le tritium rejeté dans l’atmosphère peut être à l’origine de l’exposition de la population par une voie spécifique, le passage transcutané. L’estimation de l’incorporation de tritium par voie transcutanée n’a fait l’objet que d’un nombre réduit de publications. La publication 303 de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) estime cette incorporation à 50 % de l’incorporation par inhalation pour un travailleur, l’incorporation de tritium par inhalation étant par ailleurs a priori supérieure pour un travailleur par rapport à une personne du public, le débit respiratoire d’un travailleur étant plus élevé que le débit moyen sur un an d’une personne du public. La publication 104 du Comité consultatif de la Commission de contrôle de l’énergie atomique duCanada (CCRP) estime que, pour les personnes ayant une activité physique au moment de leur exposition à des vapeurs d’eau tritiée (exposition professionnelle par exemple), l’apport de tritium dans l’organisme par inhalation n’est qu’environ deux fois plus grand que l’apport par voie transcutanée, ce qui est cohérent avec les indications de la CIPR évoquées supra. Par contre, le CCRP estime que, pour les personnes au repos au moment de l’exposition, les apports par ces deux voies sont équivalents. Sur cette base, lorsque l’inhalation de tritium est une voie d’exposition significative des individus, il est souhaitable de tenir compte de l’incorporation de tritium par voie transcutanée. 3 Conclusion L’IRSN est régulièrement amené à formuler des avis sur les dossiers de demandes d’autorisationde rejet de tritiumprésentées par les exploitants des installations nucléaires. Plusieurs questions font l’objet d’un examen approfondi par l’IRSN dans le but de statuer quant au bien-fondé de ces demandes et de proposer, le cas échéant, des limites plus basses et des conditions de gestion et de rejet des effluents tritiés plus contraignantes que les demandes de l’exploitant. Les calculs d’impact présentés par les exploitants sont examinés et l’IRSN procède à des contre-calculs indépendants : le tritium rejeté est pris en considération au même titre que l’ensemble des autres radionucléides rejetés et l’impact de la totalité des radionucléides rejetés par l’installation, éventuellement par le site, est un paramètre clef de l’avis de l’IRSN sur les demandes de l’exploitant. Toutefois, en tant que de besoin, l’impact de certains radionucléides, dont le tritium, peut être spécifiquement examiné pour porter un avis sur l’optimisation des rejets. En pratique, l’impact radiologique des rejets de tritium reste faible pour la plupart des installations nucléaires françaises. Les doses calculées sont même pratiquement nulles pour les rejets de tritium en mer (pas d’ingestion d’eau de boisson, pas de transfert aux aliments d’origine terrestre par irrigation). A titre d’exemple, pour les centrales en bord de rivière, sur la base des calculs présentés par EDF dans ses dossiers et des contre-calculs réalisés par l’IRSN, il apparait que les doses calculées dues aux rejets de tritium sont généralement de l’ordre de 10 % à 15 % des doses calculées dues aux rejets de l’ensemble des radionucléides dans les effluents liquides des centrales en bord de rivière. Il apparait également que la fraction des doses calculées pour la population dues aux rejets de tritium gazeux des centrales nucléaires est de l’ordre de 10 % des doses calculées dues aux rejets de l’ensemble des radionucléides rejetés dans l’atmosphère. De même, pour les rejets réels de l’usine de La Hague, la dose due aux rejets de tritium dans les effluents liquides et gazeux ne dépasse pas 2% de la dose due aux rejets de l’ensemble des radionucléides rejetés. 3 CIPR 4 Comité consultatif de la Commission de contrôle de l’énergie atomique du Canada, Etude de la toxicité et de la dosimétrie du tritium, Rapport préparé par D.K. Myers et J.R. Johnson, CCRP-10, Juillet 1992.
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