En l’absence de filières de gestion des déchets structurées et opérationnelles en France dans les premières décennies du programme nucléaire français, certains déchets issus d’installations nucléaires ont été entreposés dans des installations ne répondant pas aux normes de sûreté en vigueur aujourd’hui (silos, tranchées). À l’époque, les exploitants n’ont pas procédé à des caractérisations précises de ces déchets et n’ont pas systématiquement établi d’inventaires détaillés. Dans le cadre de projets de démantèlement de leurs anciennes installations, les exploitants (CEA, EDF, Orano) mènent aujourd’hui des projets dits de «reprise et conditionnement*» de ces déchets anciens (RCD*). Ces projets s’inscrivent le plus souvent sur des durées longues compte tenu de leur complexité. En effet, les exploitants ne disposant pas toujours d’un historique et d’une connaissance fiable des déchets entreposés dans ces installations, ils doivent réaliser des études pour caractériser physiquement et chimiquement ces déchets, identifier le (ou les) procédé(s) de reprise de ces derniers, ainsi que la filière de gestion associée à chaque type de déchets (existante ou en projet). À titre d’exemple, sur le site d’Orano La Hague, le silo 130 a été conçu pour l’entreposage à sec de déchets solides produits lors du dégainage des combustibles irradiés «uranium naturel graphite-gaz» (UNGG). Il a été exploité de 1973 à 1981. Il contient aujourd’hui des déchets solides, de l’eau, des boues et des gravats. Les opérations de RCD ont débuté en 2019 et devraient être terminées en 2056. Que fait-on des anciens déchets radioactifs? L’uranium de retraitement est issu de la valorisation des combustibles usés à base d’uranium naturel enrichi utilisés dans les réacteurs à eau sous pression et qui font l’objet d’un traitement* à l’usine Orano de La Hague depuis les années 1980. L’uranium de retraitement a été utilisé pour fabriquer de nouveaux assemblages de combustible neuf jusqu’en 2013, utilisés dans certains réacteurs de 900 MWe. EDF a repris cette utilisation en 2024, à Cruas-Meysse, et prévoit de l’étendre. La réutilisation de l’uranium de retraitement dans le passé, et les perspectives de réutilisation futures, explique le classement de cette substance radioactive comme une matière et non comme un déchet. L’uranium de retraitement est transformé chimiquement en hexafluorure d’uranium (UF6) dans une usine située à Seversk en Russie, seule installation au niveau mondial actuellement en mesure de réaliser cette opération. Pourquoi l’uranium de retraitement, entreposé à Tricastin est-il considéré comme une matière radioactive et non un déchet? Après la fermeture du stockage, l’essentiel des éléments radioactifs resteront piégés dans le stockage et la couche du Callovo-Oxfordien. Seuls quelques éléments radioactifs solubles, non retenus par l’argile et à vie longue (comme l’iode-129, le chlore-36 et le sélénium-79) migreront dans la couche du Callovo-Oxfordien par diffusion de manière très lente et limitée. Les scénarios à long terme de l’Andra concluent à une absence d’incidence sanitaire et environnementale. Cela prendra a minima plusieurs centaines de milliers d’années. Que se passera-t-il quand le site Cigéo sera plein ? Les déchets radioactifs • 33
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