Les cahiers de l'ASN n°4

la téléopération, EDF a annoncé en 2016 que le scénario « sous eau* » n’était plus la solution de référence, entraînant un changement de stratégie. EDF a ainsi retenu un scénario de démantèlement « en air* », qui permet de s’affranchir des problématiques liées à l’utilisation d’eau. Ce changement s’accompagne d’un report important des opérations de démantèlement. En effet, EDF a décidé de valider avec un démonstrateur industriel la faisabilité de certaines opérations complexes, puis de réaliser le démantèlement complet d’un caisson avant d’entamer celui des cinq autres. Par ailleurs, EDF a augmenté significativement la durée nécessaire au démantèlement d’un réacteur. La stratégie de démantèlement des REP Les REP constituent la totalité du parc électronucléaire français actuel. Ils fonctionnent avec de l’uranium enrichi. Le démantèlement de ces réacteurs bénéficie d’un retour d’expérience important, acquis sur de nombreux projets à l’international : dans le monde, 42 réacteurs de ce type sont actuellement en démantèlement et six ont déjà été démantelés aux États‑Unis. Ainsi, il n’y a pas d’enjeu technique majeur pour la faisabilité des opérations de démantèlement qui, selon le retour d’expérience international, durent environ une vingtaine d’années. Elles débutent après la parution du décret de démantèlement, qui en prescrit les principales étapes : dans le bâtiment réacteur, dépose du circuit primaire après décontamination éventuelle, puis découpe de la cuve. En parallèle, les circuits des autres bâtiments de l’îlot nucléaire sont également décontaminés. Après avoir évacué la totalité des matériels démantelés et des déchets, l’exploitant procède à l’assainissement des différents bâtiments, puis à leur démolition en vue du déclassement* de l’INB* et de la réhabilitation du site. En France, le premier décret de démantèlement d’un REP a concerné, en 2007, le réacteur ChoozA, installé dans une caverne dans les Ardennes. Le prochain concernera la centrale nucléaire de Fessenheim. LA POSITION DE L’ASN • Pour les UNGG, l’ASN prend acte des difficultés rencontrées pour la poursuite du démantèlement «sous eau* » et considère acceptable le changement de scénario. Elle examinera la sûreté des opérations prévues «en air* » et les délais associés. Après consultation du public, l’ASN a prescrit à EDF, dans des décisions de mars 2020, de déposer un dossier de demande de modification des décrets de démantèlement existants pour les réacteurs Bugey 1, Saint‑Laurent A1 et A2, Chinon A3, et de déposer les dossiers de démantèlement des réacteurs ne possédant pas encore de décret de démantèlement (Chinon A1 et Chinon A2), au plus tard fin 2022. L’ASN a par ailleurs indiqué qu’EDF devra raccourcir les délais de démantèlement prévus dans sa stratégie, en vue de respecter l’obligation législative du démantèlement dans un délai aussi court que possible pour chaque réacteur. Enfin, en vue de fiabiliser le calendrier de démantèlement des réacteurs, l’ASN demande à EDF de retenir des filières de gestion des déchets adéquates, ce qui pourrait nécessiter la création de nouveaux entreposages de déchets. • Pour les REP, quelle que soit la durée de vie des réacteurs actuellement en fonctionnement, EDF sera confrontée au démantèlement simultané de plusieurs REP dans les prochaines années. EDF devra donc s’organiser pour industrialiser le démantèlement, afin de respecter l’obligation de démantèlement de chaque installation dans un délai aussi court que possible. Le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim constituera à ce titre une expérience industrielle importante. Pour plus d’informations, scannez ce QRcode. Les enjeux du démantèlement • 13

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