Les cahiers de l’ASN #03 - 10 ANS APRÈS FUKUSHIMA

Adapter le cahier des charges des ECS à l’ensemble des installations, au regard des situations conduisant à des rejets massifs, et prioriser les installations en fonction de leurs enjeux de sûreté ont été un véritable défi et une spécificité française ! À savoir À la différence des centrales nucléaires, qui constituent un parc homogène d’installations géré par un seul exploitant, les autres installations nucléaires sont de nature variée et gérées par des exploitants différents tels le CEA, Framatome, l’Institut Laue-Langevin, ITER Organization* et Orano. Les installations de recherche Des installations nucléaires sont affectées à la recherche scientifique et technologique. En France, ces installations sont principalement exploitées par le CEA* . Il exploite également des installations de soutien à ses recherches (entreposages de matières et de déchets, installations de traitement d’effluents, etc.). Pour le CEA, les ECS ont confirmé un certain nombre de fragilités sur des installations anciennes, comme les réacteurs Masurca, Osiris ou l’entreposage MCMF, qui étaient en fonctionnement en 2011. Les ECS ont conduit à leur arrêt définitif et à l’évacuation de plusieurs tonnes de matières fissiles vers des entreposages plus robustes, pour réduire significativement les risques. Entre 2013 et 2014, ce sont plusieurs tonnes de matières fissiles issues du réacteur de recherche Masurca qui ont été évacuées, soit 38000 objets ! Les ECS ont permis la réorganisation des entreposages pour plus de sûreté et les installations pérennes ont achevé les travaux nécessaires (notamment, l’amélioration du maintien de la ventilation, la résistance au séisme et la mise en place de capteurs de détection de séisme). Il reste encore à construire des locaux de gestion de crise et à reprendre et conditionner les déchets anciens. De son côté, l’Institut Laue-Langevin* a respecté un calendrier ambitieux, entre 2013 et 2018, pour réaliser un ensemble de renforcement post-Fukushima exemplaire pour le réacteur de recherche à haut flux (RHF*). Les travaux, très significatifs, sont terminés depuis 2018, avec notamment la construction de nouveaux locaux de gestion de crise robustes, un renforcement de l’étanchéité du bâtiment réacteur en cas d’inondation extrême et la mise en service de circuits de sauvegarde permettant de réalimenter en eau le réacteur et les combustibles usés, en cas d’accident. Les installations présentant des enjeux plus limités Pour ces installations, l’ASN a prescrit un calendrier de remise des ECS qui s’étendait jusqu’en 2020. L’étude des conséquences d’un accident majeur sur un site présentant plusieurs installations à enjeux plus limités a été pris en compte dans le renforcement des dispositions de gestion de crise. Toutefois, ces évaluations montrent qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place des dispositions de type «noyau dur ». Les entreposages de déchets anciens et les réacteurs en démantèlement Les ECS ont confirmé qu’un certain nombre d’entreposages de déchets anciens présentent un niveau de sûreté insuffisant et qu’il convenait d’ accélérer les opérations de reprise et de conditionnement. Les exploitants (CEA, EDF et Orano) rencontrent un certain nombre de difficultés techniques pour mettre en œuvre ces opérations. L’ASN estime que la gestion de ces projets doit être rendue plus robuste. 10 ans après Fukushima, quelles améliorations pour la sûreté des installations nucléaires en France ? • 15

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