Rapport de l'ASN 2021

L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions extrêmes. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués pour l’ensemble des centrales afin de piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. Les risques liés aux incendies Les risques liés à l’incendie sont importants. En conséquence, l’ASN a indiqué à EDF en 2016 qu’elle attendait, dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, une démonstration structurée et robuste fondée sur une approche de défense en profondeur. L’ASN a instruit les méthodes de justification produites par EDF et les modifications associées, en recueillant l’avis du Groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires (GPR) en 2019. Il ressort de cette instruction que les évolutions proposées par EDF constituent des améliorations notables de la démonstration (par exemple, études relatives à la tenue de la sectorisation, prise en compte de l’effet des fumées). Par ailleurs, les nouvelles méthodes mises en œuvre ont permis l’identification des éléments de sectorisation dont le bon fonctionnement est particulièrement important. Par exemple, les portes coupe‑feu dont la position fermée est indispensable ont été identifiées et feront l’objet de mesures de surveillance spécifiques. Sur les sites, l’ASN ne constate pas d’évolution notable concernant la maîtrise des risques liés à l’incendie, avec un nombre de départs de feu pour l’année 2021 comparable à celui constaté en 2020, et un nombre d’événements significatifs en lien avec l’incendie sensiblement supérieur. En 2021, l’ASN a mené une campagne d’inspections renforcées portant sur la maîtrise des risques liés à l’incendie sur sept centrales nucléaires et a demandé la mise en œuvre d’actions correctives visant à remédier aux constats formulés à l’issue de ces inspections, notamment : ∙ la gestion des entreposages et des stockages de matériels, qui représentent des potentiels calorifiques importants, doit être améliorée. EDF doit en particulier justifier que la sectorisation incendie est suffisante en tenant compte de ces entreposages, tenir des inventaires exhaustifs et garantir le respect des conditions prévues pour ces activités ; ∙ la maîtrise de la sectorisation doit aussi être améliorée au sein de certaines centrales nucléaires : l’ASN relève parfois des contrôles incomplets, des informations inexactes communiquées aux équipes de conduite et des anomalies qui ne sont pas détectées ou traitées. L’ASN a constaté certaines améliorations dans le suivi des permis de feu en lien avec le déploiement d’une nouvelle application informatique. La gestion de la détection incendie, la maintenance des matériels et la formation des personnels sont en général satisfaisantes et l’ASN note que, depuis fin 2021, les agents de levée de doute de toutes les centrales nucléaires interviennent en binôme. EDF a aussi poursuivi, en 2021, ses actions visant à mieux maîtriser les risques liés à l’incendie dans les locaux identifiés comme étant particulièrement sensibles à cette agression au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. Ainsi, l’ASN considère que les efforts entrepris par les centrales nucléaires pour mener les actions correctives, notamment le déploiement d’outils et de plans d’action, doivent se poursuivre et faire l’objet d’un meilleur accompagnement auprès du personnel, qui doit disposer des moyens nécessaires pour réaliser les actions attendues. Enfin, à la suite d’une demande de l’ASN formulée en 2019, EDF a présenté à l’ASN en 2021 ses orientations pour l’amélioration de son organisation en matière de lutte contre l’incendie, notamment en renforçant la capacité de ses moyens d’intervention pour faire face à un feu développé. EDF définira en 2022 le plan de déploiement de sa nouvelle organisation pour l’ensemble des centrales nucléaires. Les risques liés aux explosions L’ASN contrôle les mesures de prévention et de surveillance du risque d’explosion et veille particulièrement à sa prise en compte dans le référentiel et l’organisation d’EDF. L’ASN s’assure également du respect de la réglementation relative aux «atmosphères explosives » (ATEX) pour la protection des travailleurs. La maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore satisfaisante pour l’ensemble des réacteurs nucléaires. Certaines actions de maintenance et de contrôle demandées par la doctrine interne d’EDF ne sont pas mises en œuvre de manière satisfaisante. De plus, l’ASN constate que l’intégration du REX, le traitement de certains écarts et le déploiement de certaines modifications font parfois l’objet de reports qui ne sont pas toujours justifiés au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. Lors des inspections, l’ASN est particulièrement vigilante aux contrôles et aux actions correctives menés par EDF pour garantir la compatibilité des matériels électriques avec une utilisation dans des locaux où une atmosphère explosive est susceptible de se former. L’ASN note les efforts entrepris par EDF pour réduire ces écarts, par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploiement de plans d’action conduisant à des remplacements de matériels. De plus, en 2021, EDF a poursuivi la mise à jour des documents relatifs à la protection contre les explosions, requis par la réglementation relative aux risques liés à la formation d’ATEX et a réalisé des audits de conformité des matériels concernés. EDF a également fait évoluer le programme de formation de son personnel sur les risques liés à l’explosion et l’a intégré aux exercices réalisés régulièrement sur la thématique de l’explosion. L’ASN considère qu’EDF doit continuer à porter une attention toute particulière sur ce sujet et s’assurer que la démarche de prévention des risques d’explosion est déclinée avec toute la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. Les risques liés aux inondations internes Des efforts importants sont attendus sur la majorité des sites pour améliorer la maîtrise du risque d’inondation interne, en particulier sur : ∙ la maintenance des équipements nécessaires (tuyauteries, siphons de sol, etc.) ; ∙ les analyses de risque lors des opérations de maintenance et en cas de détection d’un dysfonctionnement d’un équipement nécessaire ; ∙ le respect des échéances des actions correctives identifiées lors des revues annuelles ; ∙ la formation des référents et la sensibilisation du personnel EDF et des prestataires. En 2019, l’ASN a donc formulé à EDF des demandes afin qu’elle complète la démarche mise en œuvre pour mieux maîtriser le risque d’inondation interne, s’assure du bon fonctionnement des siphons de sol, renforce la maintenance des tuyauteries susceptibles de conduire à une inondation interne et assure une meilleure maîtrise de leur vieillissement. En réponse à ces demandes, EDF a mis en place des actions d’amélioration. Par ailleurs, EDF a engagé des visites sur le terrain visant à recenser les tuyauteries pouvant être à l’origine d’une inondation interne dans les bâtiments électriques, qui sont particulièrement sensibles à ce risque, afin d’évaluer la nécessité de renforcer leur maintenance. Conformément aux demandes de l’ASN, EDF étendra ces recensements aux autres bâtiments. L’ASN constate de façon positive qu’EDF a engagé une rénovation des circuits de certains systèmes de réfrigération particulièrement sensibles à la corrosion. 300 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

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