Rapport de l'ASN 2021

Les risques liés aux inondations externes L’inondation partielle de la centrale nucléaire du Blayais en décembre 1999 a amené les exploitants, sous le contrôle de l’ASN, à réévaluer la sûreté de leurs installations face à ce risque dans des conditions plus sévères qu’auparavant et à effectuer de nombreuses améliorations de la sûreté, selon un échéancier défini au regard des enjeux. Conformément aux prescriptions de l’ASN, EDF a achevé en 2014 les travaux requis sur l’ensemble de ses réacteurs électronucléaires. En parallèle, pour s’assurer d’une prise en compte plus exhaustive et plus robuste du risque d’inondation, dès la conception des installations, l’ASN a publié en 2013 le Guide n° 13 relatif à la protection des INB contre les inondations externes. À l’issue des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) réalisées après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a considéré qu’en matière de protection contre les inondations, les exigences résultant de la réévaluation complète conduite à la suite de l’inondation de la centrale nucléaire du Blayais en 1999 permettaient de conférer aux centrales nucléaires un haut niveau de protection contre le risque d’inondation externe. Toutefois, l’ASN a pris plusieurs décisions en juin 2012 pour demander aux exploitants : ∙ de renforcer la protection des centrales nucléaires face à certains aléas comme les pluies de forte intensité et les inondations sismo‑induites ; ∙ de définir et de mettre en place un « noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes, notamment en cas d’inondation au‑delà du référentiel de dimensionnement. Les risques liés aux séismes Bien que la sismicité soit modérée, voire faible, en France, la prise en compte de ce risque par EDF dans la démonstration de sûreté de ses réacteurs électronucléaires fait l’objet d’une attention soutenue de la part de l’ASN, compte tenu des conséquences potentielles sur la sûreté des installations. Des dispositions parasismiques sont prises dès la conception des installations et sont réexaminées périodiquement au regard de l’évolution des connaissances et de la réglementation, à l’occasion des réexamens périodiques. La règle fondamentale de sûreté n° 2001‑01 du 31 mai 2001 définit la méthodologie relative à la détermination du risque sismique pour les INB de surface (à l’exception des installations de stockage à long terme de déchets radioactifs). Cette règle fondamentale de sûreté est complétée par le Guide de l’ASN 2/01 de mai 2006, qui définit les méthodes de calcul acceptables pour l’étude du comportement sismique des bâtiments nucléaires et d’ouvrages particuliers comme les digues, les galeries et les canalisations enterrées, les soutènements ou les réservoirs. La conception des bâtiments et matériels importants pour la sûreté des centrales nucléaires doit ainsi leur permettre de résister à des séismes d’intensité supérieure aux plus forts séismes connus survenus dans la région. Les centrales nucléaires d’EDF doivent donc pouvoir faire face à des niveaux de séisme intégrant les spécificités géologiques locales de chacune d’entre elles. Dans le cadre des réexamens périodiques, la réévaluation sismique consiste à vérifier la pertinence du dimensionnement sismique de l’installation en tenant compte du progrès des connaissances relatives à la sismicité de la région du site ou aux méthodes d’évaluation du comportement sismique des éléments de l’installation. Les enseignements tirés du REX international sont également analysés et intégrés dans ce cadre. À la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a prescrit à EDF de définir et de mettre en œuvre un «noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes comparables, dans le contexte français, à celle survenue le 11 mars 2011 au Japon. Ce « noyau dur » doit notamment être dimensionné pour résister à un séisme d’une ampleur exceptionnelle dépassant les niveaux retenus lors de la conception ou du réexamen périodique des installations. Dans le cadre de la définition de ce niveau de séisme exceptionnel, l’ASN a demandé à EDF de compléter la démarche déterministe de définition de l’aléa sismique par une approche probabiliste, afin de tenir compte des meilleures pratiques connues au niveau international. Les risques liés à la canicule et à la sécheresse Au cours des événements caniculaires de ces dernières décennies, certains cours d’eau nécessaires au refroidissement de centrales nucléaires ont connu une réduction de leur débit et un échauffement significatifs. Par ailleurs, des augmentations notables de température ont été relevées dans certains locaux des centrales nucléaires abritant des équipements sensibles à la chaleur. EDF a pris en compte ce REX et a engagé des études de réévaluation du fonctionnement de ses installations dans des conditions de températures de l’air et de l’eau plus sévères que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du développement de ce référentiel de sûreté relatif aux situations dites de «grands chauds », EDF a engagé le déploiement de modifications prioritaires (telles que l’augmentation de la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipements et améliorent la tenue des matériels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre du réexamen périodique des réacteurs, EDF a engagé un programme de modification de ses installations visant à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’améliorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. L’ASN a demandé à EDF de prendre en compte le REX des événements caniculaires de 2015, 2016 et 2019, ainsi que leurs effets sur les installations. Autres agressions La démonstration de sûreté des centrales nucléaires d’EDF prend également en compte d’autres agressions comme les grands vents, la neige, les tornades, la foudre, les températures froides de l’air, les agressions d’origine anthropique (transport de matières dangereuses, installations industrielles, chute d’aéronefs, etc.) et les agressions de la source froide. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’ ASN contrôle la prise en compte des risques liés aux agressions dans les centrales nucléaires en se fondant notamment sur la réévaluation de la conception des installations dans le cadre des réexamens périodiques, l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, l’examen des événements significatifs et les inspections réalisées sur les sites. Les dispositions permettant de limiter les risques liés aux agressions font l’objet de contrôles réguliers par l’ASN. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 299 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 08 07 13 04 10 06 12 14 03 09 05 11 02 AN 01

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