La crise liée à la pandémie de Covid-19 a accéléré ce processus, et conduit à développer de nouvelles pra‑ tiques, telles que les inspections à distance, qui ne visent pas à remplacer le contrôle sur site mais lui sont complémentaires. L’ASN a engagé une réflexion sur les enjeux futurs et les évolutions auxquelles elle doit se préparer Conjointement aux travaux internes d’analyse, l’ASN a fait procéder à une «écoute externe», pour recueillir le point de vue de ses principaux interlocuteurs. Quatre enjeux principaux ressortent de ces travaux préliminaires. Tout d’abord, l’ASN devra contrôler un parc d’installa‑ tions et d’activités nucléaires en période de transition, dans la mesure où se pose, pour nombre d’entre elles, la question de la poursuite de leur fonctionnement et, de ce fait, la nécessité de prévoir l’échéance de leur arrêt. Les projets d’installations neuves visant à en rem‑ placer certaines, auxquels s’ajoutent les chantiers déjà en cours, vont amener l’ASN à contrôler un nombre d’installations neuves (en conception ou en chantier) inégalé depuis longtemps : le réacteur de recherche Jules Horowitz, ITER, l’installation de stockage de déchets Cigéo, la piscine d’entreposage centralisé des combustibles usés, et possiblement des EPR2 ou des petits réacteurs modulaires (SMR). L’ASN doit s’y pré‑ parer, de façon à pouvoir instruire les demandes cor‑ respondantes sans retard et sans compromis en termes de sûreté. Dans le milieu médical, les enjeux majeurs sont liés aux questions d’organisation et de compétence dans un contexte de tension sur les effectifs : comme dans les installations nucléaires, les questions de facteurs sociaux, organisationnels et humains ont une place prépondérante, et l’ASN devra encore renforcer ses compétences et ses méthodes de contrôle dans ce domaine. Un enjeu nouveau est l’attente de nos concitoyens de plus d’écoute et de pédagogie de la part de l’État. Dans les domaines de la gestion des risques, on constate que de meilleurs résultats sont obtenus quand l’État incite chacun à être acteur de sa propre sécurité. Ceci implique une bonne compréhension des mesures prises : la posture de gendarme ne suff it pas ; il faut que les responsables d’activité, les décideurs, et les acteurs territoriaux s’approprient réellement les enjeux de sûreté nucléaire et de radioprotection. Sur le plan international, un élément marquant de la période qui s’ouvre est l’évolution de la géopolitique. D’une part, le centre de gravité du nucléaire se déplace vers l’Asie. D’autre part, certains pays privilégient une approche nationale, et la pandémie de Covid-19 a rendu plus difficiles les échanges internationaux. L’ASN devra donc redoubler d’effort pour faire prévaloir, en lien avec ses partenaires européens, une vision ambitieuse de la sûreté nucléaire à l’échelle internationale. Enf in, l’ASN devra continuer d’adapter ses modes de fonctionnement pour rester attractive, et se doter de compétences pour faire face aux nouveaux enjeux. * Beaucoup d’évolutions ont été mises en œuvre ces dernières années pour adapter tant l’ASN que le contrôle qu’elle exerce au contexte, lui‑même évolu‑ tif. La crise liée à la pandémie de Covid-19, qui a pesé sur les personnels de l’ASN comme sur tous nos conci‑ toyens ces deux dernières années, n’a pas empêché l’ASN de prendre en temps et en heure les décisions les plus attendues, ni de conduire les instructions et inspections moins médiatiques mais qui font son quo‑ tidien et fondent la crédibilité du contrôle. Je remer‑ cie tous les personnels de l’ASN de leur engagement, tout comme j’en remercie les personnels de l’IRSN ainsi que les membres des groupes d’experts placés auprès de l’ASN qui, par leurs expertises, nous ont apporté un appui précieux dans les instructions. Préparer l’ASN au contrôle d’installations nouvelles, faire en sorte que les enjeux de sûreté nucléaire et de radioprotection soient pris en compte avec suff isam‑ ment d’anticipation et que l’ensemble des acteurs se les approprient, faire prévaloir un haut niveau de sûreté en Europe et dans le monde, attirer les talents dont nous avons besoin : autant de nouveaux déf is autours desquels les équipes de l’ASN sauront se mobiliser. n Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 11 ÉDITORIAL DU DIRECTEUR GÉNÉRAL
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