Enf in, l’ASN s’attache à tirer tous les enseignements durables de la gestion de cette crise, d’une part sur ses propres modalités de contrôle, en particulier en matière de complémentarité entre contrôles sur site et à distance, d’autre part sur les conditions permettant le maintien en son sein d’une approche collective, qui constitue un facteur‑clé pour la qualité et la robustesse de son processus de décision. Des capacités industrielles à mobiliser La f ilière nucléaire devra, dans les cinq prochaines années, faire face à une montée en puissance signifi‑ cative de travaux indispensables à la sûreté des instal‑ lations en exploitation. À partir de 2021, quatre à cinq réacteurs de 900 mégawatts électriques (MWe) d’EDF feront chaque année l’objet de travaux importants du fait de leur quatrième visite décennale. Viendront s’ajouter de manière cer‑ taine à cette charge de travail les travaux indispensables à l’accroissement des capacités d’entreposage des com‑ bustibles usés, ainsi que ceux liés aux opérations prio‑ ritaires de conditionnement des déchets anciens et de démantèlement des installations. L’ensemble de ces travaux conduira à augmenter nota‑ blement la charge de travail industrielle de la f ilière, avec une attention particulière à porter sur certains seg‑ ments en tension, comme la mécanique ou l’ingénierie, tant chez les exploitants que les prestataires. La pers‑ pective de montée en charge des travaux sur le parc existant doit être un point de vigilance, mais constitue aussi une opportunité pour la filière nucléaire qui a souf‑ fert par le passé de l’absence de projets pour entretenir ses compétences. Dans la période actuelle de crise sanitaire et écono‑ mique, l’ASN estime que l’État et les donneurs d’ordres devraient porter une attention particulière au maintien des capacités industrielles des acteurs clés de la filière, notamment lorsque ces acteurs sont également expo‑ sés aux difficultés rencontrées dans d’autres secteurs de haute technologie, par exemple l’aéronautique. Des résultats en matière de rigueur, de compétences et de qualité attendus dès 2021 Il y a un an, l’ASN avait appelé l’attention sur la nécessité de renforcer les compétences, la rigueur professionnelle et la qualité au sein de la filière nucléaire. Les démarches engagées en 2020 dans le cadre du plan Excell d’EDF et au sein du Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN) traduisent une réelle mobilisation collective autour de ces enjeux. La réalisation correcte des opérations «du premier coup», la détection et le traitement rapide des non‑confor‑ mités éventuelles, l’évaluation de la maturité des dif‑ férentes phases des projets et la recherche d’une plus grande standardisation des équipements comme des programmes de travaux constituent des points clés de ces démarches. L’ASN estime que les objectifs de montée en compé‑ tence, notamment en matière de soudage, ainsi que de renforcement de la rigueur dans la gestion des pro‑ jets et dans la surveillance des activités vont dans le bon sens. L’ASN sera attentive à ce que ces objectifs se traduisent en résultats tangibles dès 2021, notamment pour les installations en cours de construction comme le réac‑ teur EPR de Flamanville, mais aussi pour les travaux liés au quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe. Des améliorations de sûreté ouvrant la perspective d’une poursuite de fonctionnement des réacteurs de 900MWe Les objectifs retenus pour le quatrième réexamen pério‑ dique des réacteurs de 900 MWe sont ambitieux. Ils ont été définis au regard des objectifs de sûreté fixés pour les réacteurs de troisième génération, notamment l’EPR. Ils conduiront à une plus grande robustesse des installations face aux aléas naturels et à la réduction des conséquences radiologiques en cas d’accident, notam‑ ment avec fusion du cœur. … 4 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 ÉDITORIAL DU COLLÈGE
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=