Rapport de l'ASN 2019
Centrale nucléaire de Flamanville La centrale nucléaire de Flamanville , exploitée par EDF dans le département de la Manche, sur le territoire de la com‑ mune de Flamanville, à 25 km au sud-ouest de Cherbourg, est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 1 300 MWe chacun, mis en service en 1985 et 1986. Le réacteur 1 constitue l’INB 108, le réacteur 2 l’INB 109. L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Flamanville dans les domaines de la sûreté, de la radio‑ protection et de la protection de l’environnement se sont dégradées en 2019 et sont en retrait par rapport aux autres centrales nucléaires d’EDF. Concernant l’exploitation et la conduite des réacteurs, l’ASN considère que les performances du site devront être amé‑ liorées, notamment en ce qui concerne la maîtrise de l’état et de la conformité des installations. L’exploitant doit veiller à la bonne appropriation des exigences du référentiel par l’ensemble des agents et améliorer la détection des écarts sur le terrain. Concernant la visite décennale du réacteur 2, l’ASN considère à nouveau que la préparation et le suivi des travaux et des opé‑ rations de maintenance doivent être améliorés. L’ASN constate toujours un nombre important d’erreurs de maintenance sur des équipements importants pour la sûreté. De plus, l’ASN estime que l’exploitant n’a pas suffisamment pris en compte le retour d’expérience de l’arrêt pour la visite décennale du réacteur 1, notamment en ce qui concerne la préparation et la réalisation de l’épreuve hydraulique du circuit primaire, la surveillance des prestataires et la gestion du risque de corps étrangers migrant dans les circuits. L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire sont insuffisantes concernant la radioprotection des travailleurs. L’ASN a plusieurs fois constaté en inspection des conditions d’intervention inappropriées pour des intervenants. L’exploitant a également déclaré de nombreux événements significatifs pour la radioprotection en 2019, dont plusieurs cas de conta‑ mination internes ou externes. Ces événements confirment le manque de maîtrise des fondamentaux de radioprotection du site et le manque de culture des intervenants à ce sujet. Concernant la protection de l’environnement, l’ASN a constaté une maîtrise insuffisante par l’exploitant de la réglementation relative à la gestion des déchets. EDF doit également amé‑ liorer ses actions de suivi des prestataires qui interviennent dans le domaine de la protection de l’environnement. Enmatière de sécurité des travailleurs, l’ASN constate que plu‑ sieurs accidents du travail survenus en 2019 ont pour cause commune des insuffisances dans la préparation des inter‑ ventions de la part d’EDF. Centrale nucléaire de Paluel La centrale nucléaire de Paluel , exploitée par EDF dans le département de la Seine‑Maritime, sur le territoire de la commune de Paluel, à 30 km au sud‑ouest de Dieppe, est constituée de quatre réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 1 300 MWe chacun, mis en service entre 1984 et 1986. Les réacteurs 1, 2, 3 et 4 constituent respectivement les INB 103, 104, 114 et 115. La centrale nucléaire dispose d’une des bases régionales de la Force d’action rapide du nucléaire (FARN), force spéciale d’intervention créée en 2011 par EDF, à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima. Son objectif est d’intervenir, en situation pré‑accidentelle ou acciden‑ telle, sur n’importe quelle centrale nucléaire en France, en apportant des renforts humains et des moyens matériels de secours. L’ASN considère que les performances en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environ‑ nement de la centrale nucléaire de Paluel rejoignent glo‑ balement l’appréciation générale portée sur le parc d’EDF. En matière de sûreté nucléaire, l’ASN considère que le pro‑ cessus de gestion des écarts mis en œuvre sur le site est per‑ formant et que les analyses des causes relevant de facteurs organisationnels et humains sont approfondies. L’exploitant doit désormais s’attacher à traiter les causes racines identi‑ fiées, un nombre important d’événements significatifs ayant pour origine des comportements inadaptés des intervenants, des défauts de connaissance des exigences du référentiel ou une documentation opérationnelle qui ne présente pas la qualité et la lisibilité attendues. Sur le plan de l’exploitation, l’ASN considère que les perfor‑ mances de la centrale nucléaire se sont légèrement dégra‑ dées et relève un manque de rigueur dans les activités de conduite. Sur ce point, des améliorations sont attendues dans la qualité de la documentation de conduite, la formation des agents, la préparation des activités ainsi qu’au niveau de la surveillance des activités accomplies en salle de commande. Sur le plan de la maintenance, les performances sont satis‑ faisantes. Néanmoins, l’ASN a constaté, à l’occasion de plusieurs inspections, des défaillances dans la réalisation de contrôles de conformité, principalement relatifs aux ancrages des circuits de ventilation. L’ASN estime donc nécessaire de poursuivre l’amélioration de la rigueur relative à la préparation et au contrôle des activités de maintenance. La centrale nucléaire devra également améliorer la surveil‑ lance des interventions réalisées par des prestataires. Surveillance renforcée En 2019, l’ASN a décidé de placer sous surveillance renforcée la centrale nucléaire de Flamanville, à la suite des difficultés rencontrées par EDF sur cette centrale depuis mi-2018. À la suite de la convocation du directeur de la centrale, EDF a transmis à l’ASN un plan d’action visant à renforcer la maîtrise et le contrôle des activités d’exploitation. L’ASN effectuera un suivi particulier de ce plan d’action et renforcera son contrôle en 2020. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 69 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION NORMANDIE
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