Rapport de l'ASN 2019
SITE DU BUGEY Le site industriel du Bugey comprend diverses installations, dont la centrale nucléaire du Bugey, exploitée par EDF, dans la commune de Saint‑Vulbas, dans le département de l’Ain, à 35 km à l’est de Lyon. Elle est constituée de quatre réac‑ teurs à eau sous pression (REP) d’une puissance de 900 MWe chacun, mis en service en 1978 et 1979. Les réacteurs 2 et 3 constituent l’INB 78, les réacteurs 4 et 5 constituent l’INB 89. Le site comprend également un réacteur de la filière uranium naturel-graphite-gaz (UNGG), Bugey 1, mis en service en 1972 et arrêté en 1994, actuellement en cours de démantèlement, ainsi que l’Installation de conditionnement et d’entreposage de déchets activés (Iceda) et le Magasin interrégional (MIR) d’entreposage du combustible. Enfin, le site dispose d’une des bases régionales de la Force d’action rapide du nucléaire (FARN), force spéciale d’in‑ tervention créée en 2011 par EDF, à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. Son objectif est d’intervenir, en situation pré‑accidentelle ou accidentelle, sur n’importe quelle centrale nucléaire en France, en apportant des renforts humains et des moyens matériels de secours. Centrale nucléaire du Bugey Réacteurs 2, 3, 4 et 5 en fonctionnement L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire du Bugey en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent l’apprécia‑ tion générale des performances portée sur EDF. La centrale nucléaire maintient une bonne maîtrise dans le domaine des activités d’exploitation et de maintenance. Toutefois, l’ASN a relevé des points de faiblesse dans le domaine de la protec‑ tion de l’environnement. En matière de sûreté nucléaire, la centrale nucléaire du Bugey a obtenu en 2019 des résultats qui doivent être améliorés, notamment en matière de conduite des réacteurs et de réa‑ lisation des essais périodiques. Les arrêts automatiques des réacteurs sont également en recrudescence. L’exploitant doit rester vigilant dans la manière dont il prépare et réalise les opé‑ rations d’exploitation à la suite d’événements fortuits. L’ASN a enfin relevé des lacunes en matière d’identification et de traitement des écarts. En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire, tout en étant dans la moyenne des centrales nucléaires exploitées par EDF, sont contrastées. L’ASN relève une fragilité persistante sur la prévention des risques de fuite des ouvrages enterrés (tuyau‑ teries et conduites) qui véhiculent des fluides radioactifs et chimiques. En outre, l’ASN estime que les modifications des équipements en lien avec la protection de l’environnement doivent être analysées et suivies avec la même rigueur que les équipements en lien avec la sûreté nucléaire. En matière de radioprotection, l’ASN note que les résultats dosimétriques ont été satisfaisants. En matière de sécurité des travailleurs, malgré la mobilisa‑ tion des acteurs de la prévention sur les risques vitaux, des accidents ou presque accidents notables se sont produits en 2019, soulignant ainsi les fragilités du site, notamment en ce qui concerne le respect des règles des équipements de protection individuels contre le risque électrique, la remise en conformité des équipements de levage et des postes de manipulation d’acide borique. Si les indicateurs chiffrés en matière d’accidentologie sont en progrès, EDF doit cependant poursuivre les efforts demandés par l’ASN pour l’application des règles de sécurité sur les chantiers, dans le contexte des quatrièmes visites décennales. Réacteur 1 en démantèlement Bugey 1 est un réacteur de la filière UNGG. Ce réacteur de pre‑ mière génération, qui fonctionnait avec de l’uranium naturel comme combustible, utilisait le graphite comme modérateur et était refroidi au gaz. Le réacteur Bugey 1 est un réacteur UNGG «intégré», dont les échangeurs de chaleur se situent sous le cœur du réacteur à l’intérieur du caisson. En mars 2016, compte‑tenu des difficultés techniques, EDF a annoncé un changement complet de stratégie de démantè‑ lement de ses réacteurs définitivement à l’arrêt. Dans cette nouvelle stratégie, le scénario de démantèlement prévu pour l’ensemble des caissons de réacteur est un démantèlement «en air», et non plus «sous eau» comme envisagé initialement. L’ASN considère que les opérations de démantèlement du réacteur Bugey 1 et de caractérisation du caisson se déroulent dans des conditions de sûreté satisfaisantes. L’exploitant assure un suivi rigoureux des matériels et des travaux de déman‑ tèlement en cours. Installation de conditionnement et d’entreposage de déchets activés L’installation Iceda , autorisée par le décret n° 2010‑402 du 23 avril 2010 , est exploitée par EDF. Elle est actuellement en phase d’es‑ sais et aura pour fonction de traiter et d’entreposer les déchets activés provenant du fonctionnement du parc nucléaire en exploitation et du démantèlement des réacteurs de première génération et de la centrale de Creys‑Malville. Le dossier de demande d’autorisation de mise en service de l’installation Iceda a été déposé auprès de l’ASN en juillet 2016. Dans le cadre de son instruction, l’ASN a demandé des com‑ pléments techniques relatifs à la démonstration de sûreté, la définition des éléments et activités importantes pour la protection des personnes et de l’environnement, le dossier de qualité de réalisation, les essais de démarrage, la gestion des déchets et les documents d’exploitation. EDF a transmis sa réponse aux demandes de l’ASN fin 2018. Les derniers tra‑ vaux de finition et les essais préalables à la mise en service se sont poursuivis en 2019. 34 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
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