Rapport de l'ASN 2019
L’ASN a complété ses demandes par un ensemble de décisions en date du 21 janvier 2014 visant à préciser certaines disposi‑ tions de conception du « noyau dur », en particulier, la définition et la justification des niveaux d’agressions naturelles externes extrêmes à retenir pour le «noyau dur ». De façon générale, les demandes de l’ASN s’inscrivent également dans un processus d’amélioration continu de la sûreté au regard des objectifs fixés pour les réacteurs de troisième génération, et visent, en complément, à faire face à des situations très au‑delà des situations habituellement retenues pour ce type d’installation. Ces demandes sont prises en application de la démarche de défense en profondeur et, à ce titre, portent sur des mesures de prévention et de limitation des conséquences d’un accident, sur la base, à la fois, de moyens fixes complémentaires et de moyens mobiles externes prévus pour l’ensemble des installations d’un site au‑delà de leur conception initiale. Compte tenu de la nature des travaux demandés, il est nécessaire que l’exploitant procède à des études de conception, de construc‑ tion et d’installation de nouveaux équipements qui nécessitent d’une part, des délais, et d’autre part, une planification pour leur mise en place sur chacune des centrales nucléaires de manière optimale. En effet, dans la mesure où ces travaux importants se déroulent sur des sites nucléaires en fonctionnement, il est aussi nécessaire de veiller à ce que leur réalisation ne dégrade pas la sûreté des centrales nucléaires. En 2015, EDF a achevé la mise en place de dispositions tem‑ poraires ou mobiles visant à renforcer la prise en compte des situations principales de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques. En particulier, des moyens de connexion ont été installés afin qu’en cas de crise il soit pos‑ sible de connecter des moyens mobiles pour apporter de l’eau. Par ailleurs, la FARN, qui est l’un des principaux moyens de ges‑ tion de crise, a été mise en place. Depuis le 31 décembre 2015, les équipes de la FARN ont une capacité d’intervention simulta‑ née sur l’ensemble des réacteurs d’un site en moins de 24 heures (jusqu’à six réacteurs dans le cas du site de Gravelines ) . Ces dis‑ positions permettent de répondre aux recommandations issues de l’examen par les pairs européens mené en avril 2012 dans le cadre des stress tests européens . EDF a par ailleurs engagé la mise en place de certains moyens défi‑ nitifs de conception et d’organisation robustes vis‑à‑vis d’agres‑ sions extrêmes visant à faire face aux principales situations de perte totale de la source froide ou de perte des alimentations électriques au‑delà des référentiels de sûreté en vigueur et aux accidents avec fusion du cœur. Les mesures les plus importantes sont : ∙ ∙ la mise en place d’un diesel d’ultime secours (DUS) de grande puissance nécessitant la construction d’un bâtiment dédié. En raison des difficultés industrielles rencontrées par EDF dans leur construction, l’ASN a décidé en 2019 de modifier le calendrier de mise en service de ces DUS. L’ASN a assorti ce rééchelonnement, qui s’étend jusqu’au 31 décembre 2020, de prescriptions relatives au renforcement de la robustesse des sources électriques existantes. Fin 2019, 35 DUS avaient été mis en service par EDF ; ∙ ∙ la mise en place d’une source d’eau ultime. Au 31 décembre 2019, EDF a mis en place la source d’eau ultime du site de Flamanville . EDF a par ailleurs engagé la mise en place de celle des autres sites et prévoit un achèvement des travaux fin 2021, sauf pour les sites du Blayais , de Gravelines et de Dampierre-en-Burly pour lesquels les travaux seront achevés en 2022 ; ∙ ∙ la construction sur chaque site d’un centre de crise local capable de résister à des agressions externes extrêmes (fonc‑ tionnellement autonome en situation de crise). EDF a achevé en 2019 la construction du centre de crise local du site de Flamanville qui devrait être mis en service en 2020. Pour les autres sites, EDF prévoit un achèvement des travaux entre 2022 et mi-2025. Par ailleurs, ces dispositions seront complétées lors des réexamens périodiques par la mise en œuvre du «noyau dur ». Ces moyens ont été partiellement déployés sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin l ors de sa quatrième visite décennale. Les mesures les plus importantes sont : ∙ ∙ l’ajout d’une nouvelle pompe d’appoint au circuit primaire ; ∙ ∙ l’achèvement des raccordements par des circuits fixes de l’ali‑ mentation de secours des GV, du réservoir d’eau de refroidis‑ sement PTR et de la piscine de désactivation du combustible; ∙ ∙ la mise en place d’un système de contrôle‑commande ultime et de l’instrumentation définitive du «noyau dur » ; ∙ ∙ la mise en place d’un système ultime de refroidissement de l’enceinte ne nécessitant pas l’ouverture de l’évent filtré de l’enceinte de confinement en cas d’accident grave ; ∙ ∙ la mise en place, en cas de fusion du cœur, d’une solution de noyage du corium, qui se trouverait alors dans le puits de cuve, afin de prévenir la traversée du radier. Dans la perspective de la mise en place du « noyau dur », l’ASN instruit les hypothèses de conception des dispositions matérielles et vérifie que les solutions proposées par EDF permettent de répondre aux objectifs de sûreté fixés. Report des mises en service des diesels d’ultime secours (DUS) L’ASN a imposé à EDF, dans ses décisions du 26 juin 2012 prises au vu des conclusions des évaluations complémentaires de sûreté réalisées à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, la mise en place avant le 31 décembre 2018 d’un moyen d’alimentation électrique supplémentaire permettant notamment d’alimenter, en cas de perte des autres sources électriques externes et internes, les systèmes et composants appartenant au «noyau dur ». En réponse à ces prescriptions, EDF a engagé la construction de groupes électrogènes dénommés «diesels d’ultime secours » (DUS). EDF a informé l’ASN de son impossibilité, pour 54 réacteurs, de respecter l’échéance du 31 décembre 2018 pour la mise en place de ces DUS. L’ASN a considéré que les difficultés rencontrées par EDF sont avérées et que certaines d’entre elles subsistent encore. Elles résultent notamment de l’ampleur, de la complexité des opérations et des particularités de certains sites. L’ASN a modifié le calendrier de mise en service des DUS compte tenu des difficultés techniques rencontrées par EDF. L’ASN a assorti ce rééchelonnement, qui s’étend jusqu’au 31 décembre 2020, de prescriptions relatives au renforcement de la robustesse des sources électriques existantes. Fin 2019, EDF avait mis en service 35 DUS. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 307 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10
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