Rapport de l'ASN 2019
que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du développement de ce référentiel de sûreté relatif aux situa‑ tions dites de « grands chauds », EDF a engagé le déploiement de modifications prioritaires (telles que l’augmentation de la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipements et améliorent la tenue des matériels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre du réexamen périodique des réacteurs, EDF a engagé un programme de modification de ses installations visant à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’améliorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. L’ASN a demandé à EDF de prendre en compte le retour d’expé‑ rience des événements caniculaires de 2015, 2016 et 2019, ainsi que leurs effets sur les installations. • Autres agressions La démonstration de sûreté des centrales nucléaires d’EDF prend également en compte d’autres agressions comme les grands vents, la neige, les tornades, la foudre, les températures froides de l’air, les agressions d’origine anthropique (transport de matières dan‑ gereuses, installations industrielles, chute d’aéronefs…) et les agressions de la source froide. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L ’ accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions extrêmes. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués sur l’ensemble des centrales pour piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. • Les risques liés aux incendies L’ASN constate que la gestion du risque d’incendie doit être améliorée même si le nombre de départs de feu enregistrés pour l’année 2019 a été inférieur à celui de 2018. Des constats déjà effectués les années précédentes restent d’ac‑ tualité sur certains sites inspectés : ‒ ‒ une gestion pas toujours adaptée des anomalies de sectorisa‑ tion des locaux afin de prévenir la propagation d’un incendie; ‒ ‒ des écarts liés à la gestion des inhibitions de la détection d’incendie ; ‒ ‒ des écarts de gestion des entreposages de matériels qui repré‑ sentent des potentiels calorifiques importants, notamment lors des phases d’arrêt de réacteur ; ‒ ‒ des écarts dans la mise en œuvre des permis de feu, et une ges‑ tion pas toujours adaptée des mesures compensatoires définies dans les analyses du risque d’incendie ; ‒ ‒ des fragilités dans la maintenance des matériels fixes d’aspersion ; ‒ ‒ des difficultés d’accessibilité des matériels de lutte contre l’incendie ; ‒ ‒ des fragilités dans le domaine de la lutte contre l’incendie. En 2019, dans la continuité des années précédentes, l’ASN a réa‑ lisé des inspections ayant pour thème la maîtrise des risques liés à l’incendie sur l’ensemble des centrales nucléaires et a demandé la mise en œuvre d’actions correctives visant à remédier aux constats réalisés. L’ASN constate les efforts entrepris par certains sites pour mener les actions correctives nécessaires avec le déploiement d’outils et de plans d’action, mais considère que ces derniers, pour être effi‑ caces, doivent faire l’objet d’un meilleur accompagnement auprès du personnel. Ainsi l’ASN a constaté qu’EDF a mis en œuvre, en 2019, des actions visant à fiabiliser la maîtrise des risques liés à l’incendie dans les locaux identifiés comme étant particulière‑ ment sensibles à cette agression. De plus, à la demande de l’ASN, EDF s’est engagée, en 2019, à porter une attention particulière à la gestion des matières combustibles introduites dans le bâti‑ ment du réacteur, notamment lors des phases d’arrêt de réacteur. Par ailleurs, les délais de résorption de certains écarts ou de mise en œuvre d’actions correctives issues du retour d’expérience méritent d’être réduits. Enfin, l’ASN a demandé à EDF d’améliorer son organisation en ce qui concerne la lutte contre l’incendie, notamment en ren‑ forçant la capacité de ses moyens d’intervention à faire face à un feu développé. • Les risques liés aux explosions Malgré les actions engagées par EDF, la maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore satisfaisante pour l’ensemble des réac‑ teurs nucléaires. Certaines actions de maintenance et de contrôles demandées par la doctrine interne d’EDF ne sont pas mises en œuvre de manière satisfaisante. De plus, l’ASN constate que la mise à jour de certains documents (notamment les procédures d’essais périodiques ou de contrôles de tuyauteries véhiculant des fluides dangereux), l’intégration du retour d’expérience, le traitement de certains écarts et le déploiement de certaines modifications font parfois l’objet de reports qui ne sont pas toujours justifiés au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. L’ASN constate les efforts entrepris par EDF pour réduire ces écarts, par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploiement Les exigences définies L ’arrêté du 7 février 2012 dispose qu’une exigence définie est une « exigence assignée à un élément important pour la protection (EIP) des personnes et de l’environnement, afin qu’il remplisse, avec les caractéristiques attendues, la fonction prévue dans la démonstration mentionnée au deuxième alinéa de l ’article L. 593‑7 du code de l’environnement ou à une activité importante pour la protection (AIP) des personnes et de l’environnement afin qu’elle réponde à ses objectifs vis‑à‑vis de cette démonstration ». Pour les EIP, ces exigences peuvent notamment porter sur : ཛྷ ཛྷ les caractéristiques des matériaux constitutifs ; ཛྷ ཛྷ les procédés de fabrication, d’assemblage, de montage et de réparation ; ཛྷ ཛྷ les grandeurs physiques et critères caractéristiques de la performance de l’EIP. Pour les AIP, les exigences peuvent notamment porter sur : ཛྷ ཛྷ les compétences nécessaires pour l’accomplissement de l’activité ; ཛྷ ཛྷ les habilitations nécessaires, le cas échéant ; ཛྷ ཛྷ les contrôles et points d’arrêt ; ཛྷ ཛྷ les équipements et matériels requis pour permettre l’exécution de l’activité dans le respect des exigences réglementaires, voire contractuelles, de façon à garantir le respect de la démonstration de sûreté. 294 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF
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