Rapport de l'ASN 2019
de défense en profondeur. L’ASN instruit les méthodes de justification produites par EDF. Celles‑ci ont été soumises à l’analyse du GPR en 2019. • Les risques liés aux explosions Une explosion peut endommager des éléments essentiels au main‑ tien de la sûreté ou conduire à une rupture du confinement et à la dispersion de matières radioactives dans l’installation, voire dans l’environnement. Des dispositions doivent donc être mises en œuvre par l’exploitant pour protéger les parties sensibles de l’installation contre l’explosion. L’ASN contrôle ces mesures de prévention et de surveillance et veille particulièrement à la prise en compte du risque d’explosion dans le référentiel et l’organisation d’EDF. L’ASN s’assure égale‑ ment du respect de la réglementation «atmosphères explosives» (ATEX) pour la protection des travailleurs. • Les risques liés aux inondations internes Une inondation interne, c’est‑à‑dire provenant de l’intérieur de l’installation, peut entraîner des défaillances d’équipements nécessaires à l’arrêt sûr du réacteur, le refroidissement du com‑ bustible et le confinement des produits radioactifs. Des dispo‑ sitions sont donc prises pour prévenir les inondations internes (maintenance des tuyauteries véhiculant de l’eau…) ou maîtriser leurs conséquences (présence de siphons de sol et pompes d’ex‑ haure permettant d’évacuer l’eau, mise en place de seuils ou de portes étanches pour éviter la propagation de l’inondation…). Ces dispositions font l’objet de contrôles réguliers par l’ASN. L’ASN reste vigilante sur les risques d’inondation interne induits par un séisme, ainsi que sur la prise en compte du retour d’ex‑ périence et en particulier le traitement des écarts affectant cer‑ taines dispositions de protection contre l’inondation interne. • Les risques liés aux inondations externes L’inondation partielle de la centrale nucléaire du Blayais en décembre 1999 a amené les exploitants, sous le contrôle de l’ASN, à réévaluer la sûreté de leurs installations face à ce risque dans des conditions plus sévères qu’auparavant et à effectuer de nom‑ breuses améliorations de la sûreté, selon un échéancier défini au regard des enjeux. Conformément aux prescriptions de l’ASN, EDF a achevé en 2014 les travaux requis sur l’ensemble de ses réacteurs électronucléaires. En parallèle, pour s’assurer d’une prise en compte plus exhaus‑ tive et plus robuste du risque d’inondation, dès la conception des installations, l’ASN a publié en 2013 le Guide n° 13 relatif à la protection des installations nucléaires de base contre les inondations externes. Pour les installations existantes, l’ASN a demandé à EDF, en 2014, de prendre en compte les recomman‑ dations du guide pour l’ensemble de ses réacteurs : ‒ ‒ pour les réacteurs de 1300MWe, l’ASN a demandé à EDF de privilégier le troisième réexamen périodique ; ‒ ‒ pour les autres réacteurs en fonctionnement, EDF privilégiera les prochains réexamens périodiques (quatrièmes réexamens des réacteurs de 900MWe et deuxièmes réexamens des réac‑ teurs de 1450MWe). À l’issue des évaluations complémentaires de sûreté ( ECS ) réali‑ sées après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a considéré qu’en matière de protection contre les inondations, les exigences résultant de la réévaluation complète conduite à la suite de l’inondation de la centrale nucléaire du Blayais en 1999 per‑ mettaient de conférer aux centrales nucléaires un haut niveau de protection contre le risque d’inondation externe. Toutefois, l’ASN a pris plusieurs décisions en juin 2012 pour demander aux exploitants : ‒ ‒ de renforcer la protection des centrales nucléaires face à cer‑ tains aléas comme les pluies de forte intensité et les inonda‑ tions sismo‑induites ; ‒ ‒ de définir et de mettre en place un « noyau dur » de disposi‑ tions matérielles et organisationnelles permettant de maîtri‑ ser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes, notamment en cas d’inondation au‑delà du référen‑ tiel de dimensionnement (voir point 2.9). • Les risques liés au séisme Bien que la sismicité soit modérée, voire faible, en France, la prise en compte de ce risque par EDF dans la démonstration de sûreté de ses réacteurs électronucléaires fait l’objet d’une attention soutenue de la part de l’ASN compte tenu des conséquences potentielles sur la sûreté des installations. Des dispositions parasismiques sont prises dès la conception des installations et sont réexami‑ nées périodiquement au regard de l’évolution des connaissances et de la réglementation, à l’occasion des réexamens périodiques. La règle fondamentale de sûreté (RFS) n°2001‑01 du 31 mai 2001 définit la méthodologie relative à la détermination du risque sismique pour les installations nucléaires de base de surface (à l’exception des installations de stockage à long terme de déchets radioactifs). Cette RFS est complétée par le Guide de l’ASN 2/01 de mai 2006 qui définit les méthodes de calcul acceptables pour l’étude du comportement sismique des bâtiments nucléaires et d’ouvrages particuliers comme les digues, les galeries et les canalisations enterrées, les soutènements ou les réservoirs. La conception des bâtiments et matériels importants pour la sûreté des centrales nucléaires doit ainsi leur permettre de résis‑ ter à des séismes d’intensité supérieure aux plus forts séismes connus survenus dans la région. Les centrales nucléaires d’EDF sont ainsi dimensionnées à des niveaux de séisme intégrant les spécificités géologiques locales de chacune d’entre elles. Dans le cadre des réexamens périodiques, la réévaluation sismique consiste à vérifier la pertinence du dimensionnement sismique de l’installation en tenant compte du progrès des connaissances relatives à la sismicité de la région du site ou aux méthodes d’éva‑ luation du comportement sismique des éléments de l’installation. Les enseignements tirés du retour d’expérience à l’international sont également analysés et intégrés dans ce cadre. L’évolution des connaissances conduit EDF à réévaluer l’aléa sismique dans le cadre des réexamens périodiques. À la suite de l ’ accident de la centrale nucléaire de Fukushima , l’ASN a prescrit à EDF de définir et de mettre en œuvre un «noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permet‑ tant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes comparables, dans le contexte français, à celle survenue le 11 mars 2011 au Japon. Ce «noyau dur » doit notamment être dimensionné pour résister à un séisme d’une ampleur exceptionnelle dépassant les niveaux retenus lors de la conception ou du réexamen périodique des installations. Dans le cadre de la définition de ce niveau de séisme exception‑ nel, l’ASN a demandé à EDF de compléter la démarche détermi‑ niste de définition de l’aléa sismique par une approche proba‑ biliste, afin de se rapprocher des meilleures pratiques connues au niveau international. • Les risques liés à la canicule et à la sécheresse Au cours des événements caniculaires de ces dernières décennies, certains cours d’eau nécessaires au refroidissement de centrales nucléaires ont connu une réduction de leur débit et un échauf‑ fement significatifs. Par ailleurs, des augmentations notables de température ont été relevées dans certains locaux des centrales nucléaires abritant des équipements sensibles à la chaleur. EDF a pris en compte ce retour d’expérience et a engagé des études de réévaluation du fonctionnement de ses installations dans des conditions de température de l’air et de l’eau plus sévères Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 293 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10
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