Rapport de l'ASN 2019
1. Les activités nucléaires à finalité médicale 1. La radiothérapie interne vectorisée vise à administrer un médicament radiopharmaceutique (MRP) dont les rayonnements ionisants délivrent une dose importante à un organe cible dans un but curatif ou palliatif. 2. Un MRP est un médicament contenant un ou plusieurs radionucléides. Les MRP peuvent être utilisés à des fins diagnostiques (scintigraphie) ou thérapeutiques (radiothérapie interne vectorisée). 1.1 Les différentes catégories d’activité Les activités nucléaires à finalité thérapeutique, notamment celles dédiées au traitement du cancer, comprennent la radiothérapie externe, la curiethérapie et la radiothérapie interne vectorisée (1) . Les activités nucléaires à finalité diagnostique regroupent la sca‑ nographie, la radiologie conventionnelle, la radiologie dentaire et la médecine nucléaire diagnostique. Les pratiques interventionnelles utilisant les rayonnements ioni‑ sants (pratiques interventionnelles radioguidées) regroupent dif‑ férentes techniques utilisées principalement pour des actes médi‑ caux ou chirurgicaux invasifs, à but diagnostique, préventif et/ ou thérapeutique. Ces différentes activités, avec les techniques utilisées, sont pré‑ sentées aux points 2 à 7. 1.2 Les situations d’exposition en milieu médical 1.2.1 L’exposition des professionnels Les risques liés à l’utilisation des rayonnements ionisants , pour les professionnels du milieu médical, sont d’abord des risques d’exposition externe, générés par les dispositifs médicaux (appa‑ reils contenant des sources radioactives, générateurs de rayons X ou accélérateurs de particules) ou par des sources scellées ou non scellées (notamment après administration de médicaments radiopharmaceutiques – MRP (2) ). En cas d’utilisation de sources non scellées, le risque de contamination interne doit également être pris en compte dans l’évaluation des risques (en médecine nucléaire et en laboratoire de biologie). Selon les données collectées en 2018 par l’Institut de radio protection et de sûreté nucléaire (IRSN), 221875 personnes tra‑ vaillant dans les domaines des activités médicales et vétérinaires ont fait l’objet d’une surveillance dosimétrique de leur exposition. La dose moyenne annuelle est de 0,3 mSv (millisievert). Cette dose est stable par rapport à 2017. Les activités de radiologie (radio‑ diagnostic et radiologie interventionnelle) regroupent l’effectif le plus important (40%) des personnels médicaux exposés et la plus faible dose moyenne annuelle avec 0,2 mSv. La médecine nucléaire représente 3% des effectifs, mais la dose moyenne annuelle corps entier de ces professionnels est de 0,8 mSv. 15922 personnels (7%) ont bénéficié d’une dosimétrie des extrémités. La dose moyenne aux extrémités est de 6,22 mSv, stable par rapport à 2017. 1.2.2 L’exposition des patients La situation d’exposition du patient diffère selon que l’on consi‑ dère les applications médicales à visée diagnostique ou thérapeu‑ tique. Dans le premier cas, il est nécessaire d’optimiser l’exposi‑ tion aux rayonnements ionisants pour délivrer la dose minimale afin d’obtenir une information diagnostique pertinente ou pour réaliser l’acte interventionnel prévu ; dans le second cas, il faut délivrer la dose la plus forte possible, nécessaire pour obtenir la destruction des cellules tumorales ciblées, tout en préservant au mieux les tissus sains voisins. Cependant, dans tous les cas, la maîtrise des doses délivrées lors des examens d’imagerie et des traitements est un impératif qui repose notamment sur les compétences des professionnels en radioprotection des patients, mais aussi sur les procédures d’optimisation et le maintien des performances des équipements. En imagerie médicale , la maîtrise des doses demeure une prio‑ rité pour l’ASN qui, à la suite d’un premier plan engagé en 2011, a publié le 24 juillet 2018 un nouvel avis, assorti d’un second plan , afin de poursuivre la promotion d’une culture de radioprotection auprès des professionnels (voir chapitre 1). 1.2.3 L’exposition de la population Hors situation incidentelle, l’impact potentiel des applica‑ tions médicales des rayonnements ionisants est susceptible de concerner : ∙ ∙ les personnes du public, à proximité des installations qui émettent des rayonnements ionisants mais ne bénéficiant pas des protections requises ; ∙ ∙ les personnes proches de patients ayant bénéficié d’un traite‑ ment ou d’un examen de médecine nucléaire, faisant notam‑ ment appel à des radionucléides tels que l’iode-131, ou d’une curiethérapie par l’iode-125 ; ∙ ∙ les catégories professionnelles spécifiques susceptibles d’être exposées à des effluents ou déchets produits par des services de médecine nucléaire. Les données disponibles sur l’impact de ces rejets sur la popula‑ tion (personnes extérieures à l’établissement de santé) conduisent à des doses estimées de quelques dizaines de microsieverts par an pour les personnes les plus exposées, notamment les person‑ nels travaillant dans les réseaux d’assainissement et les stations d’épuration (études IRSN, 2005 et 2014). CHAPITRE 07 Depuis plus d’un siècle, la médecine fait appel, tant pour le diagnostic que pour la thérapie, à des rayonnements ionisants produits par des générateurs électriques ou par des radionucléides en sources scellées ou non scellées. Leur intérêt et leur utilité ont été établis depuis longtemps, mais ces techniques contribuent de façon significative à l’exposition de la population aux rayonnements ionisants. Elles représentent, en effet, la deuxième source d’exposition pour la population (après l’exposition aux rayonnements naturels) et la première source d’origine artificielle (voir chapitre 1). Les utilisations médicales des rayonnements ionisants 202 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019
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